Un vif échange a opposé lundi le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et le président soudanais Omar el-Béchir, qui se sont succédés à la tribune du sommet de la Ligue arabe à Doha.

C'est la première fois que les deux hommes se croisaient depuis le mandat d'arrêt délivré le 4 mars dernier par la Cour pénale internationale contre le président soudanais, inculpé de crimes contre l'humanité et crimes de guerre dans la province soudanaise du Darfour.

En ouverture du sommet de Doha, le secrétaire général de l'ONU a critiqué le Soudan pour avoir ordonné l'expulsion d'organisations humanitaires du Darfour après l'émission du mandat.

«Les efforts humanitaires ne doivent pas être politisés», a lancé Ban Ki-moon. «Les personnes qui en ont besoin doivent être aidées quelles que soient les divergences politiques», a-t-il soulignant, demandant la reprise de l'aide au Darfour.

Omar el-Béchir a répondu en attaquant le Conseil de sécurité des Nations unies, qui avait saisi la CPI de l'enquête sur les crimes de guerre au Darfour. Il a dénoncé «une institution non-démocratique qui (...) fait deux poids deux mesures, s'en prenant aux faibles et fait semblant de ne pas voir les (vrais) criminels». Le président soudanais a également estimé que l'ONU perdait toute crédibilité compte tenu de l'hégémonie» de «certains pays».

Omar el-Béchir était arrivé la veille au Qatar, où le tapis rouge avait été déployé à l'aéroport pour le recevoir. Au début du mois, la Ligue arabe avait clairement dit qu'elle ne se sentait pas tenue par le mandat d'arrêt de la CPI et que le président soudanais ne serait pas arrêté s'il venait au sommet de Doha. Seuls la Jordanie, Djibouti et les Comores adhèrent à la charte de la CPI mais ne peuvent intervenir sur le sol qatari.

Selon les Nations unies, le conflit au Darfour, entre les milices arabes pro-gouvernementales et les mouvements rebelles a fait plus de 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés depuis 2003.