Le premier ministre israélien pressenti Benjamin Netanyahu achevait lundi la formation de son cabinet en redoublant d'efforts pour y faire entrer un parti travailliste déchiré entre son chef Ehud Barak et la majorité de ses parlementaires, opposée à ce ralliement.

Son parti, le Likoud (droite), a conclu dans la nuit de dimanche à lundi un accord de coalition avec le parti ultra-orthodoxe sépharade Shass, qui s'est vu promettre quatre portefeuilles ministériels dont l'Intérieur, l'Habitat et les Cultes.

Le chef du Shass, le vice-Premier ministre Eli Yishaï, a aussitôt écarté toute «concession sur Jérusalem», dont Israël a annexé la partie arabe après sa conquête en 1967 et où les Palestiniens aspirent à établir la capitale de leur futur Etat.

Il s'agit du second accord de coalition signé par le Likoud après celui conclu avec le parti d'extrême droite laïc Israël Beiteinou. Aux termes de ce premier accord, Israël Beiteinou (15 sièges) a obtenu le ministère des Affaires étrangères, qui doit revenir à son chef Avigdor Lieberman.

Dans le même temps, le Likoud intensifie ses efforts en vue d'obtenir l'entrée des travaillistes (centre-gauche) dans le futur gouvernement Netanyahu.

Une délégation travailliste désignée par le numéro un du parti Ehud Barak, ministre sortant de la Défense et partisan de l'entrée au gouvernement, rencontrait à cet effet lundi les représentants du Likoud, près de Tel-Aviv.

L'objectif est de conclure avant mardi un accord avec le Likoud pour qu'il soit présenté le jour-même devant le congrès du parti.

Des députés travaillistes opposés à cette participation (sept sur 13) ont dénoncé cette démarche, affirmant qu'elle visait à mettre leur parti devant un «fait accompli» et accusant Barak d'agir par intérêt personnel.

Le secrétaire général du parti, Eitan Cabel, a notamment jugé lundi qu'une participation à un gouvernement de droite «serait catastrophique pour le parti et menacerait de le détruire». Interrogé par l'AFP, un autre député opposé à la participation, Daniel Ben Simon, a cependant écarté une scission.

M. Barak a opéré une volte-face, exhortant à présent sa formation à faire partie d'un gouvernement Netanyahu, dans lequel il compte conserver son portefeuille.

Il affirme agir pour «l'intérêt supérieur de l'Etat» afin de «faire contrepoids à l'extrême droite» au moment où le pays fait face au double défi de la «crise économique» et de la «menace (nucléaire) iranienne».

Après les élections du 10 février et la défaite sans précédent des travaillistes, M. Barak avait pourtant affirmé vouloir en tirer les leçons en rejoignant l'opposition.

Ces zigzags lui ont valu d'être violemment pris à partie dimanche par le Premier ministre sortant Ehud Olmert, dont le parti centriste Kadima refuse lui de participer au prochain gouvernement.

Ce dernier a rappelé que la négociation avec les Palestiniens partait du prians ncipe de la création future d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël, avertissant que tout gouvernement israélien qui y renoncerait «perdrait son soutien international».

M. Netanyahu a promis de poursuivre les négociations avec les Palestiniens tout en s'engageant à intensifier la colonisation en Cisjordanie occupée et en refusant d'adopter le principe de «deux Etats pour deux peuples».

Il dispose d'ores et déjà de la majorité absolue au Parlement grâce à l'appui des formations religieuses et d'extrême droite, mais préfère un gouvernement élargi comprenant les travaillistes.

Selon le délai imparti par la loi, M. Netanyahu doit former son gouvernement d'ici le 3 avril, pour obtenir l'aval du Parlement après avoir épuisé un premier délai de 28 jours.