Barack Obama tend la main à Téhéran: dans un message vidéo rendu public hier à l'occasion du Nouvel An iranien, le président américain affirme que les États-Unis sont prêts à mettre fin à des années de tensions avec l'Iran si ce dernier adopte un ton plus conciliant. Le gouvernement iranien a réagi en minimisant l'importance de cette ouverture.

La diffusion de la vidéo, sous-titrée en farsi, était programmée pour la fête iranienne de Nowruz (Jour nouveau) marquant l'arrivée du printemps. «En cette saison du renouveau, je voudrais parler clairement aux dirigeants de l'Iran, déclare M. Obama. Nous avons de sérieux différends qui ont grandi avec le temps. Mon administration s'en tient aujourd'hui à la diplomatie pour appréhender toutes les questions qui se posent à nous et pour tisser des liens constructifs entre les États-Unis, l'Iran et la communauté internationale.» Barack Obama avertit que «des menaces» ne serviront pas la cause de «ce processus», et demande à Téhéran un «engagement (...) honnête et fondé sur le respect mutuel». «Les États-Unis veulent que la République islamique d'Iran prenne sa place légitime dans la communauté des nations.»

Il ajoute toutefois: «Vous avez ce droit, mais il s'accompagne de vraies responsabilités» et ne peut être acquis «par la terreur ou les armes, mais plutôt par des actions pacifiques qui démontrent la vraie grandeur de la nation et de la civilisation iraniennes».

Pas de concret, réagit l'Iran

L'Iran a réagi en minimisant l'initiative de Barack Obama. Des «changements mineurs ne vont pas mettre un terme aux divergences» entre les deux pays, a estimé Ali Akbar Javanfekr, conseiller pour la presse du président Mahmoud Ahmadinejad.

«Obama a parlé de changement mais n'a pris aucune mesure concrète pour aborder les erreurs passées de l'Amérique en Iran», a-t-il ajouté sur la chaîne publique iranienne en anglais, Press TV. «Si M. Obama prend des mesures concrètes et procède à des changements fondamentaux dans la politique étrangère américaine à l'égard d'autres pays, dont l'Iran, le gouvernement et le peuple iraniens ne lui tourneront pas le dos», a-t-il toutefois ajouté.

M. Javanfekr a souligné que Téhéran «n'oublierait jamais» l'ingérence des États-Unis dans les affaires iraniennes. Et d'évoquer à nouveau le coup d'État, soutenu par Washington, qui avait renversé le gouvernement du Premier ministre Mohamed Mossadegh en 1953, puis le soutien à Saddam Hussein durant la guerre Iran-Irak dans les années 80. Washington et Téhéran ont rompu leurs relations après la Révolution islamique de 1979 en Iran.

Barack Obama a déjà manifesté à plusieurs reprises sa disposition à engager un dialogue direct avec Téhéran sur son programme nucléaire ou son hostilité à l'égard d'Israël. Lors de son investiture, le 20 janvier, il avait déclaré que son administration tendrait la main aux États rivaux qui seraient disposés à «desserrer le poing».

La Maison-Blanche a précisé que les États-Unis ont encore de sérieux différends avec l'Iran, notamment sur les risques potentiels liés aux ambitions nucléaires de Téhéran. Mais le message de M. Obama est un moyen de montrer aux Iraniens que la nouvelle administration américaine est prête à travailler avec Téhéran, ont expliqué des collaborateurs d' Obama.

On ignore combien d'Iraniens ont vu le message, qui n'a pas été diffusé par la télévision publique iranienne hier. Des chaînes émettant en farsi basée hors d'Iran ont sans doute passé les images mais les Iraniens regardent traditionnellement peu la télé durant la fête de Nowruz, qui dure 12 jours et est synonyme de réunions familiales et de départs en vacances. Les Iraniens pouvaient voir la vidéo sur le site web de la Maison-Blanche, mais des sites populaires de partage de vidéos en ligne comme YouTube sont inacessibles en Iran.