L'ancien président israélien Moshé Katzav, que la justice israélienne veut inculper de viol, s'est dit victime d'un «lynchage» jeudi lors d'une conférence de presse à Kyriat Malachi, ville où il réside.

«Je suis victime d'un lynchage organisé par le conseiller juridique du gouvernement (Menahem) Mazouz, la police, les hommes politiques et la presse», a-t-il déclaré en présence de son épouse Gila et de très nombreux journalistes.

«Depuis trois ans, on m'attaque et on porte atteinte à mon honneur ainsi qu'à celui de ma famille. Je suis humilié, écrasé, abattu et je souffre. Mais je suis décidé à me battre pour que la vérité éclate, toute la vérité, car je suis innocent», a-t-il ajouté d'une voix étranglée par l'émotion.

«Mazouz m'a d'emblée jugé avant même d'avoir pris connaissance du rapport préliminaire de la police: il est à la fois le procureur, le juge et le bourreau», a encore dit M. Katzav en allusion au fait que le conseiller juridique du gouvernement assume aussi les fonctions de procureur général de l'Etat.

«La corde avec laquelle il veut me pendre est celle qui doit lui permettre de trouver son salut», s'est exclamé M. Katzav pour stigmatiser les contradictions et changements d'attitude de M. Mazouz dans cette affaire.

«Les institutions de l'Etat se sont liguées contre moi sur la base de témoignages fallacieux, de faits contradictoires, de mensonges, de preuves fabriquées, et surtout sur des rumeurs sans fondements», a-t-il ajouté.

M. Katzav s'est exprimé pendant plus d'une heure, affirmant être un «homme d'Etat intègre qui, pendant quatre décennies, n'a recherché ni les honneurs ni l'enrichissement».

Il réagissait à la décision prise dimanche par la justice de l'inculper de viol et harcèlement sexuel contre plusieurs de ses employées lorsqu'il était ministre du Tourisme et chef de l'Etat.

Selon les médias israéliens, il pourrait être officiellement inculpé prochainement.

Moshé Katzav, 63 ans, juif religieux et père de cinq enfants, un ex politicien du Likoud (droite), avait démissionné de ses fonctions de chef de l'Etat le 29 juin 2007 après avoir été suspendu dès janvier 2007 à sa demande. Shimon Peres lui a succédé.

Le scandale Katzav avait éclaté en juillet 2006 lorsqu'il avait accusé une ex-collaboratrice de vouloir le faire chanter. Mais l'enquête a fini par démontrer qu'en fait cette dernière, sa secrétaire dans les années 90, l'accusait de viol. D'autres femmes ont ensuite porté plainte pour des faits similaires.