Le chef du Renseignement américain a prévenu mardi qu'il serait «difficile» de convaincre l'Iran d'abandonner son programme nucléaire controversé par des moyens diplomatiques, mais a estimé que Téhéran n'était pas encore en mesure de fabriquer l'arme atomique.

La république islamique a cependant poursuivi le processus d'enrichissement d'uranium, défiant les injonctions internationales, et a progressé pour «maîtriser» le savoir-faire de fabrication des missiles de longue portée capables de transporter des armes nucléaires, a indiqué Dennis Blair devant une commission du Sénat américain.

«Nous estimons que convaincre les dirigeants iraniens de renoncer à l'élaboration éventuelle d'armes nucléaires sera difficile, étant donné le lien que beaucoup voient au sein du gouvernement entre l'armement nucléaire et la sécurité nationale de l'Iran et les objectifs de politique internationale, et vu les efforts considérables de l'Iran, depuis au moins la fin des années 1980 à 2003, pour fabriquer de telles armes», a-t-il dit.

Le Renseignement américain pense toutefois que «l'Iran n'a pas actuellement l'arme nucléaire» en raison des difficultés pour acquérir ou produire les matériaux fissiles nécessaires à sa fabrication, mais pourrait en obtenir suffisamment d'ici début 2010, a ajouté M. Blair.

Mais les États-Unis ne peuvent pas «exclure que l'Iran ait acquis de l'étranger ou obtienne à l'avenir une arme nucléaire ou suffisamment de matériaux fissiles pour (fabriquer) une arme», a encore déclaré le chef du Renseignement.

L'Iran devrait probablement être capable de produire assez d'uranium enrichi pour une bombe entre 2010 et 2015, mais les services de renseignement du département d'État ont établi le début de cette échéance à 2013 «en raison de problèmes techniques prévisibles», a-t-il ajouté.

Pour se doter d'un arsenal nucléaire, l'Iran doit obtenir une quantité suffisante d'uranium hautement enrichi, fabriquer une tête nucléaire -- un processus qu'il a gelé en 2003 et qu'il n'aurait probablement pas repris -- et des missiles de longue portée.

Mais les services de renseignement américain ont conclu que «l'Iran n'avait pas décidé d'avancer sur les trois fronts» à la fois, a ajouté M. Blair.

«Bien que nous ne sachions pas si l'Iran a actuellement l'intention de fabriquer l'arme nucléaire, nous estimons que Téhéran reste au minimum ouvert à cette possibilité», a encore déclaré le haut responsable américain.

Il a jugé que Téhéran pourrait renoncer à son programme nucléaire controversé devant un ensemble «crédible» de «pressions et de menaces, de contrôles internationaux renforcés» ainsi que de mesures incitatives. «C'est difficile de dire précisément de quoi doit être fait ce mélange», a-t-il cependant déclaré.

Les services de renseignement américain estiment que l'Iran a interrompu ses recherches sur la fabrication de l'arme atomique fin 2003 et ne les a pas reprises avant mi-2007, a-t-il ajouté devant les parlementaires.

Les Occidentaux craignent que le programme nucléaire iranien ne dissimule un projet militaire. Téhéran affirme qu'il a uniquement un objectif civil.