Une solution au problème de Jérusalem pourrait passer par la mise en place d'un «régime spécial» pour administrer la vieille ville sans la diviser et en remettant à plus tard la question de la souveraineté, écrivent deux anciens diplomates dans la revue Foreign Affairs.

Dans la dernière livraison de la prestigieuse revue, Michael Bell et Daniel Kurtzer, professeurs d'université et respectivement anciens ambassadeurs du Canada et des Etats-Unis dans plusieurs pays du Proche-Orient dont Israël, proposent un plan pour traiter la très difficile question de la vieille ville de Jérusalem qui a déjà fait achopper à plusieurs reprises les négociations de paix israélo-palestiniennes.

Ils suggèrent notamment de créer un poste d'administrateur en chef pour la gérer et de le confier à une personnalité qui ne serait ni israélienne ni palestinienne.

«Notre but», a expliqué samedi à l'AFP M. Bell professeur à l'université de Windsor, est «de proposer une autre option pour résoudre la question de la vieille ville est des lieux saints».

Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem - dont la vieille ville abrite les lieux saints, juifs, musulmans et chrétiens - après son occupation en juin 1967, alors que les Palestiniens veulent en faire la capitale de leur futur Etat.

«L'alternative la plus prometteuse à une division de la vieille ville est de mettre en place un régime spécial qui remette à plus tard la question de la souveraineté et se concentre au contraire sur la façon d'administrer et de gérer la veille ville, avec une forte participation d'une tierce-partie», écrivent les deux anciens diplomates.

Pour les auteurs de l'article, l'accent a été trop mis jusqu'ici sur la question de la souveraineté. Ils estiment que la «vieille ville ne peut tout simplement pas être divisée entre Israéliens et Palestiniens» notamment à cause de sa surface réduite et de la densité de sa population. En outre la méfiance entre Israéliens et Palestiniens empêche selon eux une co-gestion des lieux saints.

«C'est pourquoi nous pensons qu'il faudrait un système de gouvernance spécial avec une tierce-partie pour que ça marche», dit M. Bell.

La proposition est basée sur des études détaillées menées à l'université canadienne de Windsor dans le cadre de «l'initiative sur la vieille ville de Jérusalem» sur la mise en place d'un «régime spécial pour la vieille ville» (OCSR - Old City Special Regime).

Il s'agirait de créer un conseil composé de «représentants israéliens et palestiniens et d'un nombre limité de participants internationaux choisis par les deux parties». Celui-ci nommerait un administrateur en chef doté de l'autorité pour appliquer le mandat de l'OCSR et qui aurait à sa disposition une force de police, composée de personnel international.

Ce régime ne constituerait pas une «internationalisation» du statut de Jérusalem, ce que les deux parties rejettent, fait valoir Michael Bell car Israéliens et Palestiniens demeureraient la source de l'autorité et pourraient remplacer l'administrateur. «Mais celui-ci et son équipe géreraient la vieille ville au jour le jour».

«Notre travail s'inscrit dans le cadre d'une solution avec deux Etats - israélien et palestinien - avec tous deux une capitale située à Jérusalem», souligne M. Bell, en exprimant l'espoir que si les deux parties décident à nouveau de négocier la question du statut final dans le cadre d'un traité de paix, elles examineront cette option».