Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré mardi que son pays était prêt au dialogue avec les États-Unis mais dans l'égalité et le respect mutuel, à l'occasion du 30e anniversaire de la révolution islamique.

«Le nouveau gouvernement américain a déclaré qu'il voulait le changement et entamer le chemin du dialogue mais le changement réel doit être fondamental et non tactique. Le peuple iranien est prêt au dialogue mais dans un climat d'égalité et de respect mutuel», a-t-il dit devant des dizaines de milliers personnes rassemblées à Téhéran.

Le président américain Barack Obama a émis l'espoir lundi de créer «dans les prochains mois» des «ouvertures» entre les États-Unis et l'Iran qui permettront «de s'asseoir à une table, face à face».

«Il est important, même si nous engageons une diplomatie directe, que nous soyons clairs à propos des profondes préoccupations que nous conservons à l'égard de l'Iran», que ce soit le financement d'organisations terroristes jugé «inacceptable» ou son programme nucléaire susceptible de «déstabiliser la région», a cependant souligné M. Obama.

Les deux pays, qui n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980, s'opposent sur plusieurs dossiers, dont le programme nucléaire iranien, officiellement civil mais soupçonné par les Occidentaux de masquer des ambitions militaires.

Signe de la méfiance entre les deux pays, M. Ahmadinejad a également lancé une mise en garde aux États-Unis.

«Le monde ne désire pas la répétition de la période noire de (l'ex-président George W.) Bush. Si certains cherchent à répéter son expérience, même avec des méthodes nouvelles, ils doivent savoir que leur destin sera encore pire», a-t-il dit.

Enumérant les acquis scientifiques et technologiques de l'Iran, notamment dans le domaine nucléaire et le récent envoi d'un satellite dans l'espace, il a affirmé que l'Iran était désormais «une grande puissance».

Non loin de là, les autorités avaient érigé une réplique grandeur nature de la fusée qui a mis en orbite la semaine dernière un satellite.

Des manifestants portaient des pancartes «30 ans de liberté, 30 ans de fierté» ou encore «mort à l'Amérique», «mort à Israël».

La République islamique se pose aujourd'hui en chef de file de l'anti-impérialisme et de l'ordre injuste que font peser, selon elle, sur le monde les grandes puissances au Conseil de sécurité de l'ONU.

La télévision d'État a diffusé les images de manifestations similaires à travers le pays pour célébrer la révolution marquée par le retour d'exil le 1er février 1979 de l'ayatollah Rouhollah Khomeiny, fondateur de la République islamique, et par le renversement du Shah.

«Après 30 ans, je suis très fier. Le pays a fait beaucoup de progrès et nous suivons les idéaux de l'imam Khomeiny», a déclaré Hossein Ghoudarzi, un retraité de 65 ans.

Par ailleurs, l'ex-président réformateur Mohammad Khatami, candidat à la présidentielle du 12 juin, a été victime d'une tentative d'agression lors des manifestations à Téhéran, selon le site de sa fondation Baran. Les agresseurs, munis de bâtons, «voulaient attaquer Khatami mais les gens les ont empêché».

Cité par l'agence Isna, le ministre des Renseignements Gholamhossein Mohseni Ejeie a déclaré de son côté qu'«une bombe, qui devait exploser sur le parcours des manifestants, a été découverte et neutralisée», sans autre précision.