L'Iran a affirmé mercredi que le lancement de son premier satellite n'avait pas d'«objectif militaire», après les inquiétudes exprimées par l'Occident sur la possibilité pour Téhéran d'utiliser cette technologie afin de développer son programme balistique.

Le lancement du satellite est «un acquis scientifique et technique et n'a pas d'objectif militaire», a déclaré à la presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi.

L'Iran a annoncé mardi avoir placé en orbite la veille son premier satellite à l'aide de sa fusée Safir-2. Ce satellite, baptisé Omid («Espoir»), est de fabrication 100% iranienne, selon Téhéran.

«Aujourd'hui, la science est le monopole (des Occidentaux, ndlr), il faut, avec un effort soutenu, tenter de sortir la science du monopole des oppresseurs», a déclaré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, lors d'un séminaire scientifique à Téhéran.

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a appelé mercredi la communauté internationale à «renfoncer ses sanctions» contre Téhéran car le lancement du satellite accroît son «potentiel militaire et dans le domaine du renseignement».

Les puissances occidentales, qui soupçonnent déjà l'Iran de chercher à fabriquer la bombe atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, n'ont pas caché leur préoccupation après l'annonce du lancement du satellite.

Washington craint que cette avancée technique ne permette à l'Iran de développer des missiles balistiques à longue portée, au moment où il poursuit ses activités d'enrichissement d'uranium en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui demandent aussi à l'Iran de s'abstenir de développer son programme balistique.

Téhéran soutient que son programme nucléaire a un caractère civil.

«Beaucoup des éléments technologiques nécessaires à un véhicule spatial sont les mêmes que ceux qui sont nécessaires à des missiles balistiques à longue portée», a affirmé mardi le porte-parole du département d'Etat, Robert Wood.

L'Iran possède des missiles Shahab-3, le plus performant de son arsenal, avec une portée déclarée de près de 2.000 km, qui peut théoriquement frapper Israël et le sud-est de l'Europe.

Les Etats-Unis utiliseront «tous (les) éléments de (leur) puissance nationale» pour faire face aux différents défis posés par l'Iran, a dit le porte-parole de la Maison Blanche. Les activités nucléaires et balistiques de l'Iran, ses menaces contre Israël et le soutien de Téhéran aux groupes terroristes constituent des «motifs d'inquiétude aiguë pour cette administration», a dit Robert Gibbs.

Paris, Londres et Berlin ont également exprimé leur inquiétude.

Ces quatre pays ainsi que la Chine et la Russie doivent se retrouver mercredi en Allemagne pour continuer leurs discussions sur le programme nucléaire iranien, la première réunion du genre depuis l'investiture du président américain Barack Obama.

Interrogé à propos de cette réunion, M. Ghashghavi a déclaré que l'Iran «n'arrêtera pas ses activités nucléaires pacifiques» et a demandé au groupe 5"1 d'être «réaliste» en acceptant le programme nucléaire iranien.

Si le lancement du satellite était avéré, il confirmerait que l'Iran dispose de fusées capables de frapper Israël et le sud-est de l'Europe, selon un responsable militaire à l'Otan sous couvert de l'anonymat.

En cas de confirmation de la mise en orbite d'Omid, l'Iran serait le deuxième pays de la région, après Israël, à disposer d'une capacité de lancement de satellites.