L'Iran a annoncé mardi avoir placé en orbite son premier satellite à l'aide de sa fusée Safir-2, suscitant la préoccupation de la communauté internationale sur les capacités balistiques de la République islamique.

Ce satellite, baptisé Omid («Espoir»), est de fabrication 100% iranienne, a souligné l'agence officielle Irna, précisant que le lancement avait eu lieu lundi soir.

«C'est le premier satellite à être lancé dans l'histoire de notre nation et il était porté par la fusée Safir-2», a rapporté l'agence Fars.

Les Occidentaux ont critiqué par le passé le programme spatial de l'Iran, craignant qu'il serve avant tout à développer ses capacités de frappe balistique.

Et mardi, la Grande-Bretagne et les États-Unis ne cachaient pas leur grande préoccupation.

«Ce test souligne et illustre nos profondes préoccupations sur les intentions de l'Iran», a déclaré le sous-secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, Bill Rammell, précisant que Londres poursuivait son analyse technique des affirmations de Téhéran.

Ce lancement «pourrait aboutir au développement d'un missile balistique», a déclaré un porte-parole du département d'État américain, Robert Wood, ajoutant: «C'est pour nous un motif de grande préoccupation».

La France s'est déclarée «inquiète» car la technologie employée est «très similaire» à celle des missiles balistiques, alors que l'Allemagne a refusé de commenter le lancement en affirmant qu'elle devait d'abord l'«évaluer».

Selon un responsable militaire à l'OTAN ayant requis l'anonymat, il faudra «jusqu'à plusieurs jours à nos différents pays pour recouper l'information».

Mais si le lancement était avéré, il confirmerait que l'Iran dispose de fusées capables de frapper Israël et le sud-est de l'Europe, a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki a cependant assuré que «les activités satellitaires de l'Iran (étaient) uniquement destinées à la paix». «Nos capacités militaires ont des visées défensives», a-t-il noté.

Un expert aérospatial iranien, Asghar Ebrahimi, a expliqué à la télévision iranienne qu'Omid suivait une trajectoire elliptique à une altitude minimale de 250 km et maximale de 400 km.

Le ministre iranien de la Défense Mostafa Mohammad Najjar a affirmé que le lancement avait été un «succès à 100%», selon l'agence Isna. Le satellite «est actuellement en orbite» et transmet des informations au sol, a-t-il dit.

Les experts et pays occidentaux ont souvent accueilli les précédentes annonces iraniennes dans ce domaine avec un certain scepticisme.

L'Iran avait annoncé le 17 août avoir procédé au lancement avec succès de sa fusée Safir («ambassadeur»), capable selon lui de placer un satellite léger en orbite basse à une distance minimale de 250 km de la Terre et maximale de 500 km. Téhéran avait ensuite annoncé fin novembre le lancement de sa deuxième fusée spatiale, Kavoshgar-2.

Selon M. Ebrahimi, la fusée Safir-2 va «jusqu'à 50 ou 60 km dans l'espace, puis le deuxième étage démarre et emporte le satellite à l'altitude désirée».

Les fusées Kavoshgar et Safir semblent dérivées du missile balistique Shahab-3, le plus performant de son arsenal, avec une portée déclarée de près de 2000 km.

Cet engin peut théoriquement frapper Israël et le sud-est de l'Europe.

Si la mise en orbite d'Omid est confirmée, l'Iran serait le deuxième pays de la région, après Israël, à disposer d'une capacité de lancement de satellites.