Au lendemain d'élections provinciales qui se sont déroulées dans le calme et avec une participation dépassant les 50%, les alliés du premier ministre chiite Nouri al-Maliki étaient donnés en tête dimanche, selon les premières projections officieuses.

Les premiers résultats officiels ne sont pas attendus avant plusieurs jours. Mais selon des résultats non-officiels établis par les médias, les candidats de la Coalition pour l'État de droit, la liste du chiite Al-Maliki, enregistreraient de bons résultats dans les provinces chiites du sud irakien. Des résultats qui, s'ils se confirment, renforceraient la position du chef du gouvernement actuel en vue des législatives à venir d'ici la fin de l'année, face aux partis chiites religieux, le puissant Conseil supérieur islamique d'Irak (CSII), ou les partisans de l'imam extrémiste Moqtada al-Sadr.

Le taux de participation a pour sa part atteint les 51% au niveau national, a annoncé le président de la Commission électorale Faraj al-Haidari. Elle va de 40% dans la province à majorité sunnite d'Anbar (ouest) à 65% dans celle de Salahuddin, où se trouve la ville natale de Saddam Hussein, Takrit. Les chiffres pour Bagdad, encore provisoires, se situaient autour de 40%.

Selon la chaîne privée irakienne Al-Sharqiya, la liste d'Al-Maliki serait en tête dans de nombreuses régions du sud, notamment à Bassorah, deuxième ville et principal port du pays, autrefois bastion de l'Armée du Mahdi d'Al-Sadr, et dans la ville sainte de Najaf.

Nombre d'électeurs s'y réjouissaient de l'offensive gouvernementale qui l'année dernière a mis fin au contrôle des miliciens sadristes de l'Armée du Mahdi. «Al-Maliki a mis un terme au règne de la terreur qu'exerçaient les miliciens. Pour cela, il mérite notre voix», déclarait Fayçal Hamadi, 58 ans, après avoir voté à Bassorah.

Le CSII, actuellement allié d'Al-Maliki au sein du gouvernement de coalition, a laissé entendre qu'il pourrait tenter d'en prendre le contrôle via une victoire aux législatives. Proche de l'Iran et des autorités religieuses, le CSII, principal parti chiite du pays, est vu avec de plus en plus de méfiance par nombre d'Irakiens, qui estiment qu'il attise la violence chiites-sunnites.

Dans les régions sunnites, où le dernier scrutin provincial de 2005 avait été largement boycotté, les électeurs craignant des représailles, l'heure semblait être aux tribus: dans la province d'Anbar (ouest), les Conseils de l'Eveil, qui s'étaient retournés contre Al-Qaeda et d'autres factions en 2006, mettant ainsi un terme à l'insurrection sunnite, cherchaient lors de ces élections à en tirer les profits politiques.

Le scrutin, considéré comme un test de la stabilisation du pays et qui était entouré d'un dispositif de sécurité exceptionnel, s'est déroulé sans violences ni incidents majeurs. Abdul-Karim al-Tamimi, autre responsable de la Commision électorale, a jugé que le scrutin a été «un succès au regard des standards internationaux, malgré quelques erreurs simples». Des électeurs se sont en effet plaints de ne pas figurer sur les listes, plaintes qui vont faire l'objet d'enquêtes.