Le président afghan Hamid Karzaï a accusé mardi ses alliés occidentaux dont les troupes combattent en Afghanistan de ne pas faire suffisamment d'efforts pour éviter les victimes civiles dans la guerre contre les talibans, ni pour lutter contre la production d'opium.

Il a de nouveau appelé à une refonte de la stratégie de la communauté internationale en Afghanistan, dans un discours à l'ouverture d'une nouvelle session du Parlement.

«Nous n'acceptons pas que la guerre contre le terrorisme provoque la mort de civils sur notre terre», a lancé devant quelque 300 parlementaires M. Karzaï, dont le gouvernement a été mis en place par les forces internationales emmenées par les Etats-Unis après qu'elles eurent chassé les talibans du pouvoir fin 2001.

Outre ceux tués dans les attaques ou les attentats des insurgés talibans, de très nombreux civils périssent chaque année depuis 2001 dans des opérations des deux forces multinationales, celle emmenée par les Etats-Unis et celle de l'Otan.

Le gouvernement de M. Karzaï est soutenu par quelque 70.000 soldats, américains pour la grande majorité, ce qui n'empêche pas la rebellions des talibans de s'intensifier et de gagner du terrain depuis plus de deux ans.

La force de l'Otan a reconnu que plus de 200 civils avaient été tués en 2008 par les troupes étrangères et l'ONU en a comptabilisé plus de 2.000 au total cette même année, dont seulement la moitié tués par les combattants islamistes.

«Nous voulons que nos alliés repensent leur stratégie militaire, nous voulons plus d'efficacité dans la guerre contre le terrorisme», a insisté M. Karzaï.

Ce discours intervient deux jours après que le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, eut dénoncé la corruption et l'inefficacité du gouvernement afghan, estimant même que le problème principal du pays était davantage le manque de gouvernance que la rébellion en elle-même.

M. Karzaï a également accusé ses alliés de ne pas fournir assez d'effort pour endiguer la production d'opium, dont l'Afghanistan fournit plus de 90% de la demande mondiale.

Il a assuré que dans les zones où opéraient les forces internationales et où les forces gouvernementales n'avaient pas d'emprise, «la culture du pavot était florissante».