L'utilisation par l'armée israélienne de bombes au phosphore dans la bande de Gaza est «claire et indéniable», a assuré lundi l'organisation Amnesty International, dont une équipe s'est rendue dans le territoire palestinien, accusant l'Etat hébreu de «crime de guerre».

«Hier (dimanche), nous avons vu des rues jonchées de débris, qui prouvent l'utilisation de phosphore blanc, y compris des particules incandescentes et des restes d'obus tirés par l'armée israélienne», a déclaré Christopher Cobbsmith, expert en armement qui faisait partie de l'équipe d'Amnesty, comptant quatre personnes, selon un communiqué de l'ONG.

«Le phosphore blanc est une arme qui déclenche un écran de fumée pour (cacher) le mouvement des troupes au sol, a-t-il expliqué. C'est un engin incendiaire très puissant, qui explose en l'air et dont l'effet est tel qu'il ne devrait jamais être utilisé dans des zones peuplées de civils».

L'exposition à ce produit toxique peut se révéler fatale. Il peut provoquer des brûlures de la peau et endommager le foie, le coeur ou les reins.

L'équipe d'Amnesty affirme avoir trouvé des particules de phosphore et des obus qui les contenaient à l'intérieur et à proximité de maisons et bâtiments.

«Une telle utilisation, intensive, de cette arme dans les quartiers très peuplés de Gaza est faite par définition de manière indiscriminée. Son utilisation répétée (...) est un crime de guerre», a déclaré Donatella Rovera, qui travaille pour Amnesty en Israël et dans les territoires palestiniens.

Les forces israéliennes ont tiré trois obus au phosphore contre le complexe de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) à Gaza-ville, le 15 janvier, a ajouté l'ONG.

Les bombes au phosphore blanc ne sont interdites par aucun traité international, en dépit de leur caractère controversé.

La manière dont ces armes incendiaires servant également à éclairer le champ de bataille sont utilisées est en revanche réglementée par la Convention sur les armes classiques de 1980, plus spécifiquement par le protocole III «sur l'interdiction ou la limitation des armes incendiaires», entré en vigueur en 1983 mais qu'Israël n'a pas souscrit.

Le texte prohibe leur utilisation dans les zones peuplées de civils.

Accusée à plusieurs reprises d'avoir utilisé de telles armes, l'armée israélienne a affirmé n'utiliser que des armes non-prohibées par les conventions internationales.