Des policiers du Hamas se sont déployés lundi dans les rues et les banques ont rouvert après l'arrêt d'une offensive meurtrière israélienne de 22 jours à Gaza, où certains critiquaient le mouvement islamiste palestinien qui a crié victoire.

Le Hamas, dont le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, a proclamé dimanche une «victoire historique» contre Israël, s'est efforcé de minimiser les pertes qu'il a subies et a affirmé que sa capacité à tirer des roquettes sur Israël n'avait pas été amoindrie.

Dans les rue de Gaza, des policiers du Hamas en tenue se sont déployés aux principaux carrefours alors que d'autres régulaient la circulation.

De nombreux commerces ont rouvert alors que des employés de la municipalité ramassaient les ordures et les gravats des bâtiments détruits dans les attaques israéliennes qui ont fait au moins 1.300 morts palestiniens.

Abou Ihab, un homme d'affaires de 55 ans, contemple les ruines en quittant sa maison. «Cette guerre nous a ramenés 50 ans en arrière. C'est comme la Nakba de 1948», dit-il en se référant à la «catastrophe» que fut pour les Palestiniens la création d'Israël.

«A mon avis le Hamas a commis une erreur car toute guerre doit avoir des objectifs politiques et s'appuyer sur des plans militaires. Le Hamas n'a compté que sur des promesses mensongères de l'Iran et de la Syrie», ajoute-t-il. «Le Hamas s'est lancé sans calcul dans une aventure dont le résultat est cette catastrophe qui nous a frappés».

Des centaines de Palestiniens ont profité du cessez-le-feu proclamé séparément par Israël puis le Hamas pour se ruer aux banques, qui ont rouvert après 22 jours de fermeture. «Je suis venu retirer mon salaire dès que j'ai entendu que les banques avaient rouvert», dit Karim Abou Chariah en faisant la queue devant un guichet.

«La peur pour nos enfants nous a empêchés de dormir pendant la guerre. Qu'est-ce que le Hamas et toutes ces organisations nous ont apporté à part la destruction? Elle est où cette victoire dont ils parlent?» s'est-il interrogé.

Faisant sa première apparition depuis le début de la guerre le 27 décembre, le porte-parole de la branche armée du Hamas, Abou Oubeida, a affirmé que son mouvement n'avait perdu que «48 combattants» pendant l'offensive alors qu'Israël affirme en avoir tué plus de 500.

Il a aussi affirmé que les tentatives d'Israël d'empêcher l'armement du Hamas, notamment en détruisant les tunnels de contrebande entre Gaza et l'Egypte, étaient vouées à l'échec, et que l'Etat hébreu n'a réalisé «aucun des objectifs qu'il s'était fixés».

«L'ennemi sioniste barbare n'a fait que tuer par centaines des enfants, des femmes et des vieillards», a-t-il dit, en parlant de «la victoire de la résistance».

«Nous avons accordé à l'ennemi sioniste une semaine pour se retirer de la bande de Gaza, faute de quoi nous allons poursuivre la résistance», a-t-il martelé.

«Qu'ils fassent ce qu'ils veulent. Introduire des armes pour les résistances et les fabriquer est notre mission et nous savons très bien comment acquérir des armes», a-t-il encore dit.

Les secouristes palestiniens, de leur côté, ne connaissent pas de répit, récupérant des dizaines de morts sous les décombres. «On n'arrête pas depuis 6 heures du matin», dit Abed Charafi, secouriste. La veille, ils ont retiré 95 corps des décombres de maisons détruites.

Des sources militaires israéliennes ont affirmé qu'aucun incident n'avait été signalé dans la nuit et que les forces poursuivaient leur repli du territoire palestinien contrôlé par le Hamas.

Israël a dit avoir autorisé le passage de près de 200 camions d'aide humanitaire destinée à Gaza ainsi que la fourniture de 400.000 litres de fioul.

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a affirmé que les troupes sortiraient de Gaza «le plus vite possible, dès que la sécurité du sud du pays sera assurée».

Dimanche, les chars se sont redéployés aux frontières, côté palestinien, afin de faire face à d'éventuelles attaques palestiniennes.

En trois semaines, plus de 1.300 Palestiniens ont été tués, dont 410 enfants et 108 femmes, et plus de 5.300 blessés, selon les services d'urgence de Gaza. Côté israélien, 10 militaires et trois civils sont morts.

Parallèlement, le président égyptien Hosni Moubarak a obtenu la veille à Charm el-Cheikh le soutien de dirigeants arabes et européens à son plan prévoyant la fin totale des violences à Gaza. Après ce sommet, les six dirigeants européens présents (Allemagne, France, Espagne, Italie, Royaume-Uni et République tchèque) se sont rendus en Israël.

Selon une source diplomatique égyptienne, le Caire a invité Israël et les organisations palestiniennes de Gaza à tenir de nouveaux entretiens séparés au Caire jeudi, dans l'optique d'obtenir leur accord.

Au Koweït, les dirigeants arabes ont entamé un sommet pour discuter des résultats de l'offensive à Gaza, qui les a divisés, et évoquer la reconstruction du territoire palestinien.