Un dirigeant de premier plan du Hamas, Saïd Siam, a été tué jeudi dans un raid à Gaza, où les bombardements israéliens ont également touché un complexe de l'ONU, un bâtiment de presse et un hôpital, suscitant une vague d'indignation dans le monde.

Ces attaques sont survenues alors qu'une sortie de crise semblait s'esquisser, l'Égypte ayant annoncé qu'Israël avait accepté son plan pour un cessez-le-feu. L'État hébreu s'est pourtant refusé de confirmer l'information, disant qu'aucune décision n'avait encore été prise.

Saïd Siam, 49 ans, un des «faucons» du Hamas et son «ministre» de l'Intérieur à Gaza, a été tué avec son fils Mohammad et son frère Iyad dans une attaque aérienne dans le nord de Gaza-ville. La télévision du Hamas a montré des images du corps.

L'armée israélienne a confirmé ce raid.

Siam, également député du Hamas au parlement palestinien, est le plus haut dirigeant du mouvement islamiste à être tué par l'armée israélienne depuis le déclenchement de son offensive le 27 décembre contre la bande de Gaza. Une autre figure du mouvement, Nizar Rayan, avait été tuée le 1er janvier.

Siam avait formé en 2006 la «force exécutive» du Hamas, une milice paramilitaire qui avait joué un rôle crucial dans la violente prise de pouvoir par le mouvement islamiste à Gaza en délogeant les forces fidèles au président Mahmoud Abbas.

La branche armée du Hamas a menacé de le venger.

Au 20e jour de l'offensive, l'armée israélienne a intensifié ses bombardements et effectué une profonde incursion dans un quartier de Gaza-ville où les chars israéliens se sont heurtés à des combattants palestiniens.

Les attaques ont par ailleurs touché le complexe de l'Unrwa, la principale agence d'aide de l'ONU à Gaza, un hôpital et un immeuble abritant des médias internationaux

Trois employés de l'Unrwa ont été blessés par des obus de chars poussant l'agence à suspendre ses opérations dans l'enceinte après la destruction de plusieurs entrepôts dans un incendie.

M. Ban s'est dit «scandalisé» par ce bombardement. Le premier ministre israélien Ehud Olmert a affirmé en le recevant qu'Israël avait riposté à des tirs en provenance du complexe de l'ONU.

L'incendie a ravagé des dizaines de tonnes d'aide humanitaire, a affirmé le porte-parole de l'Unrwa Adnane Abou Hasna, estimant les pertes à des dizaines de millions de dollars.

Le directeur de l'agence onusienne, John Ging, a affirmé que l'incendie avait été provoqué par des bombes au phosphore tirées par l'armée israélienne.

«Profondément préoccupée» par la situation humanitaire «affreuse» à Gaza, la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice a téléphoné aux dirigeants israéliens après le bombardement du complexe, selon son porte-parole.

Le premier ministre britannique Gordon Brown a condamné ce bombardement «inacceptable» alors que le commissaire européen à l'aide humanitaire Louis Michel s'est dit «consterné».

La France a également condamné «avec la plus grande fermeté» le bombardement de l'hôpital, de l'immeuble de presse et des bâtiment de l'ONU.

Au moins 40 Palestiniens ont été tués par des raids et des tirs israéliens jeudi, dont une femme et ses trois enfants dans le nord de la bande de Gaza, selon des sources palestiniennes.

Entre-temps, les tirs de roquettes à partir de Gaza ont continué. Selon l'armée, 25 engins sont tombés sur le sud d'Israël, faisant 5 blessés à Beersheva, à 40 km de Gaza, dont un grièvement, selon les services de secours et l'armée.

Depuis le début de l'offensive, 1097 Palestiniens ont été tués, dont 355 enfants et 100 femmes, et plus de 5000 blessés, selon les services d'urgence à Gaza.

Durant cette période, dix militaires et trois civils israéliens ont péri.

Entre-temps, les efforts diplomatiques s'accéléraient avec des entretiens du négociateur israélien Amos Gilad en Égypte, les visites de M. Ban et du chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier en Israël et la tenue d'un sommet des monarchies du Golfe à Riyad.

M. Gilad a discuté dans l'après-midi avec le chef des services de renseignements égyptiens, le général Omar Souleimane, d'un plan égyptien de cessez-le-feu. Il devait rendre compte de ses entretiens dans la soirée aux dirigeants israéliens.

En début de soirée, un haut responsable diplomatique égyptien a affirmé qu'Israël avait donné son «feu vert» au plan égyptien mais qu'une «nouvelle rencontre» égypto-israélienne «sera nécessaire».

A Jérusalem, le porte-parole de la Présidence du Conseil, Mark Regev, a indiqué peu après qu'Israël n'avait pas encore pris de décision sur l'initiative égyptienne.

«Ce soir, Amos Gilad va nous faire son rapport et ce n'est qu'après qu'une décision pourrait être prise», a déclaré M. Regev.

L'Égypte avait affirmé mercredi avoir obtenu l'aval du mouvement islamiste à son plan, ce que ce dernier n'a pas confirmé.

Le chef du Hamas en exil Khaled Mechaal a réaffirmé à Damas que son mouvement n'accepterait pas de plan de sortie de crise qui ne prévoit la fin immédiate de «l'agression», un retrait de l'armée israélienne, la levée du blocus et l'ouverture des points de passage.

La situation humanitaire dans le territoire palestinien surpeuplé et pauvre devient «dramatique», ont par ailleurs affirmé les agences de l'ONU, alors que les habitants fuyant les raids n'ont pas d'endroit où se réfugier.

Un million d'habitants vivent sans électricité, 750 000 sont sans eau et les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours, selon l'ONU.