Aprés 13 jours d'affrontements dans la bande de gaza, une issue à la crise est enfin envisageable. hier soir, l'ONU a en effet exigé «un cessez-le-feu immédiat» ET condamné la violence qui a déjà fait près de 800 victimes. Par ailleurs, La croix-rouge a accusé israël de manquer à ses devoirs humanitaires.

Le plus récent chapitre du conflit israélo-palestinien pourrait bientôt déboucher sur une trêve. Quatorze des quinze membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont voté hier soir en faveur d'une résolution demandant un cessez-le-feu «immédiat» et «durable» entre le Hamas et les forces israéliennes dans la bande de Gaza. Seuls les États-Unis se sont abstenus de voter.

 

La résolution 1860 a été adoptée après trois jours d'intenses négociations entre les pays occidentaux et arabes. Elle «souligne l'urgence et appelle à un cessez-le-feu immédiat, durable et pleinement respecté, menant au retrait complet des forces israéliennes de Gaza.»

Elle condamne également «toute violence et hostilité dirigées contre des civils et tout acte de terrorisme», sans pour autant désigner explicitement les tirs de roquettes du Hamas.

Le Conseil a également appelé «à la fourniture sans obstructions dans toute la bande de Gaza de l'aide humanitaire» tout en saluant les initiatives visant à ouvrir des couloirs humanitaires.

Par ailleurs, le document encourage «des mesures tangibles vers une réconciliation inter-palestinienne».

La séance a été présidée par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil en janvier. Ses homologues américaine Condoleezza Rice et britannique David Miliband y ont aussi participé, ainsi que de nombreux ministres arabes, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

Offensive humanitaire

Toute la journée, des agences humanitaires ont tiré à boulets rouges contre Israël. La Croix-Rouge a affirmé que les soldats israéliens laissaient à leur propre sort les enfants blessés, alors que l'ONU a suspendu ses livraisons de vivres à Gaza après un bombardement qui a tué deux de ses chauffeurs.

La journée a commencé avec un tir de roquettes venant du sud du Liban, faisant craindre une contagion de la violence. Mais le Hezbollah libanais a par la suite affirmé que les roquettes, qui sont tombées sur une résidence pour personnes âgées israéliennes sans faire de mort, n'étaient pas les siennes.

Plus de 20 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées hier dans de nouvelles attaques, notamment dans les secteurs de Beit Lahya et Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, où des violents combats ont opposé combattants palestiniens et troupes israéliennes. Ces décès portent à 768 le nombre de personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le début de l'offensive israélienne le 27 décembre, selon un décompte de l'AFP établi à partir de bilans de sources médicales palestiniennes. Une quinzaine d'Israéliens sont morts, aux deux tiers des soldats.

La Croix-Rouge internationale, habituellement très réservée dans ses commentaires, a accusé l'armée israélienne de l'avoir empêchée d'accéder à des blessés palestiniens à Gaza, dont des enfants coincés pendant cinq jours dans leur maison avec le corps de leur mère tuée dans des combats. Des ambulances n'ont été autorisées que mercredi - soit cinq jours après le début des combats - à accéder à plusieurs maisons dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, où se trouvaient des blessés et des morts.

«Les militaires israéliens devaient avoir connaissance de la situation mais n'ont pas porté secours aux blessés», a indiqué la Croix-Rouge. Une équipe d'ambulanciers «a trouvé quatre enfants à côté de leur mère morte dans l'une des maisons. Ils étaient trop faibles pour se tenir debout».

L'UNRWA, l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens, a décidé de suspendre ses opérations après qu'un de ses convois eut été touché par des obus de l'armée israélienne. Un chauffeur palestinien a été tué dans l'incident, près du terminal d'Erez, entre Gaza et Israël.

«Nous maintiendrons cette suspension tant que les autorités israéliennes ne garantiront pas la sécurité de nos équipes», a déclaré le porte-parole de l'agence Chris Gunness. Déplorant une situation humanitaire «critique», il a affirmé qu'elle empirait «d'heure en heure» malgré une interruption quotidienne des combats par l'armée israélienne pendant trois heures, une pause jugée «insuffisante». Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a condamné l'attaque contre le convoi, qui était clairement signalé par des drapeaux de l'organisation.

Un million de personnes vivent sans électricité, 750 000 personnes sont sans eau et les hôpitaux fonctionnent en continu grâce à des générateurs de secours qui risquent de s'arrêter en cas de manque d'essence, selon M. Gunness. La Banque mondiale a averti que 10 000 habitants de Gaza risquent de se noyer dans des eaux usées, à la suite de l'effondrement du système d'égouts.

Avec AP, AFP et le New York Times, La Presse Canadienne

48 Canadiens évacués de Gaza

Une opération canadienne a permis d'évacuer de la bande de Gaza 48 Canadiens. L'opération a débuté tôt hier matin et tous sont arrivés en Jordanie. Le ministère canadien des Affaires étrangères, qui a dans la même opération aidé à l'évacuation de ressortissants d'une vingtaine de pays, avait planifié d'aider 36 Canadiens à quitter Gaza lundi dernier mais les Forces israéliennes, qui contrôlent les mouvements dans le territoire, avaient annulé l'opération.

IGNATIEFF DÉFEND ISRAËL

Le chef libéral Michael Ignatieff dit qu'Israël est justifié de mener une action militaire dans la bande de Gaza. «Le Canada doit appuyer le droit d'un pays démocratique à se défendre», a-t-il dit hier à des journalistes d'Halifax. « Israël a été attaqué de Gaza, pas seulement l'an dernier, mais depuis presque 10 ans. Israël a évacué Gaza, alors il n'y a aucune occupation à Gaza. « M. Ignatieff a aussi dit que le Hamas porte la responsabilité de la situation. «Le Hamas est à blâmer pour avoir mené ces attaques à la roquette et pour avoir trouvé refuge parmi la population civile. «