De très intenses combats ont éclaté lundi pour la première fois dans la ville de Gaza entre soldats israéliens et combattants palestiniens, Israël rejetant les appels à un arrêt de son offensive qui a coûté la vie en dix jours à plus de 555 Palestiniens.

L'inquiétude grandissait face au risque d'une aggravation de la crise humanitaire dans ce territoire pauvre et surpeuplé, où l'offensive israélienne a entraîné des coupures d'électricité et des communications, et une grave pénurie de denrées alimentaires, selon des agences de l'ONU.Selon des témoins, des combattants des groupes islamistes Hamas et Jihad islamique affrontaient en soirée les soldats dans les quartiers-est de Choujaïya et Zeitoun, dans la ville de Gaza encerclée par les chars, pour la première fois depuis le début de la phase terrestre samedi.

Les résidents de ces quartiers ont fait état de puissantes explosions et de bombardements fréquents, l'artillerie israélienne pilonnant massivement plusieurs positions alors que des hélicoptères menaient des raids.

L'aviation a également bombardé le centre-ville de Gaza, ciblant à nouveau le complexe des «Saraya» relevant du Hamas qui contrôle Gaza.

Une source militaire israélienne a confirmé des combats acharnés dans la ville.

Au moins trois soldats israéliens ont été tués dans les combats et 30 blessés, ont affirmé les chaînes de télévision arabe Al-Jazira et Al-Arabiya.

La branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a affirmé de son côté avoir tué «10 soldats» et en avoir blessé 30.

L'armée israélienne s'est refusée à tout commentaire. Elle a jusqu'à présent confirmé la mort d'un soldat dans l'opération terrestre et fait état de 55 autres blessés.

L'armée, qui a dit avoir capturé des dizaines de membres du Hamas, a également bombardé à l'artillerie le camp de réfugiés de Boureij, où trois personnes ont été tuées, et la localité de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

D'autres affrontements ont été signalés près des localités de Jabaliya et Beit Lahya (nord), l'armée ayant renforcé son contrôle aux portes de plusieurs agglomérations du territoire exigu de 362 km2, qui se retrouve coupé en deux.

Lundi, 60 Palestiniens, dont 13 enfants, ont été tués, selon le chef des services d'urgence de Gaza, Mouawiya Hassanein. Ce qui porte à plus de 555 le nombre de Palestiniens morts, dont de nombreux civils, depuis le lancement de l'offensive le 27 décembre. 2.700 autres ont été blessés.

La situation humanitaire continuait d'empirer pour les 1,5 million d'habitants du territoire, la plupart des secteurs étant privés d'électricité et souffrant d'importantes pénuries d'eau courante, de nourriture et de carburants.

Selon le Comité international de la Croix-Rouge, des blessés meurent en attendant des ambulances qui ne peuvent les approcher à cause des combats.

Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés a demandé l'ouverture des frontières pour permettre aux Palestiniens le souhaitant de quitter Gaza.

Malgré l'offensive, les activistes palestiniens ont tiré 32 roquettes sur le sud d'Israël, faisant quatre blessés légers. Quatre Israéliens sont morts dans ces tirs depuis le 27 décembre.

Le plus influent chef du Hamas à Gaza, Mahmoud al-Zahar, a affirmé que «la victoire arrive grâce à Dieu», et la branche militaire du groupe a affirmé que des «milliers» de combattants étaient prêts à affronter les soldats dans les rues.

Une délégation du Hamas doit par ailleurs rencontrer les responsables égyptiens mardi pour discuter des moyens d'arrêter la guerre.

En dépit des pressions internationales, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a rejeté tout cessez-le-feu à Gaza sans une assurance de l'arrêt total des tirs de roquettes, lors d'une rencontre à Jérusalem avec le président français Nicolas Sarkozy.

M. Sarkozy, qui effectue une tournée régionale, a plaidé pour un «cessez-le-feu humanitaire de plusieurs jours».

«Non seulement le Hamas doit arrêter de tirer (des roquettes) mais il ne doit plus être en mesure de tirer» ces roquettes, a rétorqué M. Olmert à M. Sarkozy, selon un haut responsable israélien.

«Nous ne pouvons pas accepter un compromis qui permettra au Hamas de tirer (des roquettes) dans deux mois contre les villes israéliennes», a-t-il ajouté.

Selon la chef de la diplomatie israélienne Tzipi Livni, Israël ne passera «pas d'accord avec le terrorisme», en référence au Hamas.

M. Sarkozy, qui a rencontré le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas en Cisjordanie, a aussi accusé le Hamas d'avoir agi de «façon irresponsable et impardonnable» en décidant de ne pas renouveler la trêve et en reprenant les tirs de roquettes contre Israël.

Le Hamas l'a accusé en retour de «partialité totale» en faveur d'Israël.

M. Abbas a appelé à la fin «immédiate et sans condition» de l'offensive avant de se rendre à l'ONU à New York mardi, où le Conseil de sécurité doit se réunir en présence de plusieurs ministres des Affaires étrangères arabes et de celui de la France Bernard Kouchner, selon une source diplomatique.

Ces discussions tenteront d'avancer vers l'adoption d'une résolution appelant à un cessez-le-feu, a-t-on ajouté, alors que les Etats arabes envisagent de proposer un nouveau projet en ce sens.

A Washington, le président George W. Bush a maintenu son soutien à Israël en rejetant tout cessez-le-feu qui ne serait pas assorti de conditions garantissant la sécurité d'Israël.