Le président français Nicolas Sarkozy a appelé lundi Israël à l'arrêt des violences dans la bande de Gaza, au premier jour d'une tournée éclair au Proche-Orient destinée à faire cesser au plus vite l'offensive lancée il y a dix jours par l'État hébreu contre le Hamas.

Précédé de quelques heures dans la région par une troïka européenne, composée des ministres tchèque, français et suédois des Affaires étrangères, M. Sarkozy a confirmé que l'Union européenne (UE) travaillait à une «initiative commune» avec l'Égypte pour obtenir une trêve humanitaire que les dirigeants d'Israël ont par avance écartée.

Après un entretien avec la troïka européenne et le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie, le président français a répété la condamnation de l'UE de l'offensive terrestre engagée samedi par l'armée israélienne contre les islamistes du Hamas.

«Avec nos partenaires européens nous avons condamné sans ambiguïtés l'offensive terrestre israélienne lancée samedi (...) je le redirai au président (israélien) Shimon Peres et au premier ministre Ehud Olmert, avec toute la franchise que l'on doit à un ami, que les violences doivent cesser», a-t-il déclaré.

«L'urgence aujourd'hui, c'est de faire cesser les violences et nous, l'Europe, nous voulons un cessez-le-feu le plus rapidement possible et que chacun comprenne que le temps travaille contre la paix», a ajouté M. Sarkozy avant de prendre la route de Jérusalem, où il devait s'entretenir en soirée avec MM. Peres et Olmert.

«Nous avons besoin d'une trêve humanitaire de quelques jours, c'est l'intérêt de tout le monde. Israël est fort, Israël doit prendre le risque de la paix», a-t-il insisté plus tard devant le président Peres.

La ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni avait auparavant écarté l'appel européen à un cessez-le feu immédiat, soulignant qu'Israël était déterminé à «changer la donne dans la région».

Au nom de la «position d'équilibre, de raison, de bons sens» qu'il souhaite voir l'UE adopter, M. Sarkozy a condamné d'une même fermeté l'attitude «irresponsable et impardonnable» du Hamas.

«Le Hamas, en décidant de mettre fin à la trêve et en reprenant les tirs de roquettes sur les populations civiles d'Israël (...) porte une lourde responsabilité pour la souffrance des Palestiniens de Gaza», a-t-il dénoncé.

Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a promptement réagi en taxant le président français de «partialité totale».

Ses déclarations traduisent «une partialité totale envers l'occupant (israélien) et un appel franc à la poursuite de l'holocauste en cours à Gaza», a déclaré à l'AFP le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum.

Le chef de l'État français a entamé sa tournée éclair lundi par un déjeuner avec son homologue égyptien Hosni Moubarak à Charm el-Cheikh, sur les bords de la mer Rouge.

À Ramallah, il a déclaré que la France et l'UE travaillaient à une «initiative commune» avec l'Égypte. «L'Égypte a un rôle majeur à jouer dans la résolution de ce conflit et l'Europe soutient l'Égypte (...) il faut un cessez-le-feu qui seul permettra la reprise du processus de paix», a-t-il ajouté, sans autre précision.

L'Égypte, qui se considère comme un médiateur incontournable dans le conflit israélo-palestinien en dépit des critiques virulentes des radicaux de la région, Syrie et Iran inclus, a mis au point un plan de sortie de crise en quatre points (cessez-le-feu immédiat, retour à la trêve, ouverture des points de passage vers la bande de Gaza et un mécanisme international de garanties).

Pour forcer une trêve, M. Sarkozy tentera mardi à Damas de rallier le président syrien Bachar al-Assad. Principal artisan du retour de la Syrie sur la scène internationale, il compte sur son aide pour faire pression sur le chef politique du Hamas, Khaled Mechaal, qui vit en exil à Damas.

Le président français conclura sa tournée par Beyrouth, avant de rendre visite aux Casques bleus français déployés dans le sud du Liban à la frontière avec Israël.