L'offensive israélienne a fait plus de 510 morts palestiniens en neuf jours dans la bande de Gaza, où les chars israéliens ont pris dimanche le contrôle de plusieurs axes stratégiques, se heurtant par endroits à des combattants du mouvement islamiste Hamas.

«Le nombre de martyrs a atteint 512, dont 87 enfants, et celui des blessés plus de 2.450», a dit le chef des services d'urgences à Gaza, Mouawiya Hassanein.

Les troupes israéliennes, appuyées par des bombardements de l'artillerie et de l'aviation, ont avancé en profondeur dans plusieurs secteurs du territoire contrôlé par le Hamas, où elles avaient pénétré samedi soir après une semaine de frappes aériennes.

Des témoins ont affirmé que les blindés avaient notamment pris position sur l'axe Salaheddine, la principale route nord-sud du territoire, isolant la ville de Gaza du sud.

Des troupes israéliennes ont également progressé vers la périphérie de Gaza, et notamment dans le quartier de Zeïtoun (est), où des combats ont été signalés.

Des combats ont également eu lieu dans la journée près des localités de Jabaliya, Beit Hanoun et Beit Lahya, dans le nord de ce territoire exigu de 362 km2.

Les bombardements ont baissé d'intensité dans la soirée alors que les survols des avions militaires israéliens continuaient.

Au moins 63 Palestiniens, dont 22 civils, ont péri depuis le début de l'offensive terrestre. Parmi eux, cinq membres d'une même famille ont été tués par un obus tiré sur leur voiture par un des chars qui ont pris position à 3 km au sud de Gaza-ville. Trois ambulanciers qui tentaient de porter secours à des victimes ont été tués à l'est de Gaza, selon le Dr Hassanein.

Côté israélien, un bilan officiel a fait état d'un soldat tué et de 19 autres blessés dimanche, ce qui porte à 49 le nombre de militaires blessés depuis le début de l'offensive terrestre.

La guerre déclenchée le 27 décembre par Israël avec l'objectif déclaré de faire cesser les tirs de roquettes palestiniennes sur son territoire, a entraîné une profonde dégradation d'une situation humanitaire déjà précaire dans un territoire où s'entassent 1,5 million d'habitants.

L'électricité était coupée dans la plupart des localités et les pénuries de carburant s'aggravaient. Commerces et administrations sont restés fermés. Les rues étaient désertes, à l'exception de files d'attente devant les quelques boulangeries ouvertes en prévision d'un siège prolongé.

L'offensive a aggravé la crise humanitaire dans ce territoire avec aussi une grave pénurie de produits alimentaires, selon les agences de l'ONU. Les hôpitaux de la ville de Gaza dépendent des générateurs de secours, dont l'ONU affirme qu'ils sont «sur le point de céder».

Malgré l'offensive terrestre, des activistes palestiniens ont tiré de la bande de Gaza 32 roquettes et obus de mortier depuis samedi soir, blessant légèrement une femme, a indiqué l'armée.

«Il n'y a pas de combats rapprochés», a affirmé un haut responsable militaire israélien. «L'essentiel de l'opposition est sous forme de tirs d'obus de mortier».

Un haut responsable du Hamas, Moushir al-Masri, a affirmé que «l'ennemi» n'avait «pas réussi à atteindre ses objectifs et que la résistance, avec le peu de moyens dont elle dispose, l'a surpris».

Le Hamas a qualifié de «farce» l'incapacité du Conseil de sécurité de l'ONU à s'entendre, après quatre heures de discussions, sur un texte appelant à la fin des hostilités à Gaza, essentiellement en raison de l'intransigeance des Etats-Unis.

Malgré les pressions, le Premier ministre israélien sortant Ehud Olmert a refusé d'arrêter l'offensive et affirmé qu'Israël «ne cherchait pas à réoccuper la bande de Gaza», lors d'entretiens téléphoniques avec les présidents russe Dmitri Medvedev et français Nicolas Sarkozy.

«Israël ne peut pas stopper ses activités militaires avant d'avoir atteint les objectifs qu'il s'est fixés», a dit M. Olmert au président russe qui a «souligné l'importance d'un cessez-le-feu le plus vite possible» et annoncé l'envoi d'un émissaire dans la région.

Avant son arrivée lundi au Proche-Orient, M. Sarkozy a jugé que le Hamas «porte une responsabilité lourde dans la souffrance des Palestiniens de Gaza», dans un entretien à des quotidiens libanais, tout en réitérant sa condamnation de l'offensive israélienne.

Son ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, qui accompagne la troïka de l'Union européenne au Caire, a déploré «une situation humanitaire qui est bien impossible à supporter» à Gaza.

La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a annulé son déplacement en Chine la semaine prochaine, pour se consacrer à ce dossier.

Entre temps des dizaines de milliers de personnes ont continué à manifester à travers le monde contre l'offensive israélienne. Dans le nord de la Cisjordanie, un Palestinien a été tué par l'armée israélienne en manifestant contre l'opération à Gaza.