Au moins 23 Irakiens ont péri et 72 ont été blessés dans un attentat suicide commis vendredi au cours d'une réunion de chefs de tribus au sud de Bagdad au lendemain de l'entrée en vigueur de l'accord qui donne aux Irakiens le contrôle des opérations de sécurité dans le pays.

Le kamikaze, muni d'une ceinture d'explosifs, a actionné son dispositif au milieu d'un repas réunissant des chefs de tribus à al-Youssoufiyah, une petite ville située à 25 km au sud de Bagdad, a indiqué à l'AFP le général Qassem Atta, porte-parole des opérations de sécurité pour la province de Bagdad. «23 personnes ont été tuées et au moins 72 ont été blessées», a ajouté le général Atta.

«Le kamikaze appartenait à la même tribu (que le cheikh qui invitait, ndlr) et était un proche du chef de tribu», a souligné le porte-parole militaire irakien, précisant que le kamikaze était entré «par la porte de derrière».

Les membres de la tribu se réunissaient pour discuter des candidats aux élections provinciales qui doivent avoir lieu le 31 janvier.

De son côté, l'armée américaine a indiqué à l'AFP avoir connaissance de 23 morts et 32 blessés, selon «un rapport initial non confirmé», mais élaboré à partir de «sources irakiennes».

Tous les morts font partie de la même tribu sunnite, selon M. Atta.

L'événement s'est produit vers 14H00 locales à Youssoufiyah, un village situé à 25 km au sud de capitale irakienne.

De précédentes informations évoquaient un conseil de «Sahwa», ces anciens insurgés majoritairement sunnites engagés dans la lutte contre Al-Qaeda.

Youssoufiyah est située dans une région majoritairement sunnite, au sud de Bagdad, connue sous le triste nom de «triangle de la mort» en raison des violences dont il a été le théâtre ces derniers années.

Malgré une baisse notable des violences depuis fin 2007, les attentats restent quasi quotidiens en Irak.

Le commandement de l'armée américaine estime que les groupes insurgés et Al-Qaeda ont toujours la capacité de mener des «attaques de grande échelle».

L'attaque de vendredi est la plus meurtrière depuis l'attentat à la voiture piégée qui avait tué 22 personnes dans le quartier chiite de Kazamiyah, dans l'ouest de Bagdad. 54 Irakiens avaient également été blessés.

Le 11 décembre, un attentat suicide dans un restaurant près de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, avait fait 55 morts et 95 blessés.

L'ONG basée en Grande Bretagne Iraq Body Count remarquait dans son rapport rendu public la semaine dernière que les formes de violences évoluaient et que les «Sahwa», ces milices d'anciens insurgés sunnites reconvertis dans la lutte contre Al-Qaeda étaient de plus en plus la cible d'attentats.

Les chefs de tribus, qui ont participé à la formation de ces milices, ont payé un lourd tribut à la lutte contre Al-Qaeda.

Selon Iraq Body Count, 549 Sahwa sont morts entre octobre 2007 et novembre 2008, notamment dans des attentats suicide.

En décembre, 316 civils, policiers et militaires irakiens sont morts dans des violences, soit le bilan le plus bas depuis près de trois ans.

Au total, 6 772 Irakiens ont été tués en 2008, contre 17 430 en 2007, selon un bilan établi par l'AFP à partir des chiffres des ministères.

L'attentat de Youssoufiyah intervient au lendemain de la transmission des Américains aux Irakiens du contrôle de la «zone verte», le secteur ultra-protégé de Bagdad où sont concentrés l'administration irakienne, le siège de l'ONU en Irak et les ambassades occidentales.