Un dirigeant de premier plan du Hamas a péri jeudi dans un raid israélien, au sixième jour de l'opération israélienne dans la bande de Gaza, qui a fait plus de 400 morts, tandis que le premier ministre israélien Ehud Olmert assurait ne pas vouloir d'une «guerre longue».

Nizar Rayan, plus haut responsable décédé dans l'offensive, a été tué avec ses quatre épouses, dix de ses 12 enfants et deux voisins dans un raid sur l'immeuble de cinq étages où il vivait, dans le camp de réfugiés de Jabaliya (nord de la bande de Gaza).Ténor de l'aile la plus radicale du mouvement islamiste, connu pour ses talents d'orateur, il s'illustrait par ses déclarations au vitriol contre Israël mais aussi contre l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, délogée de Gaza par le Hamas en juin 2007.

L'armée israélienne a confirmé l'attaque, affirmant que la maison servait de dépôt d'armes et de centre de communications au Hamas.

Selon les services d'urgences de la bande de Gaza, 420 Palestiniens ont été tués et quelque 2.000 blessés depuis le 27 décembre, début de l'opération «Plomb durci» visant à stopper les tirs de roquettes sur Israël.

Au moins un quart des victimes sont des civils, dont des femmes et des enfants, selon l'ONU.

En journée, le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a démenti un communiqué publié peu avant la mort de Nizar Rayan selon lequel le Hamas acceptait «sous conditions» les propositions de l'Union européenne (UE) en vue d'une trêve.

Le mouvement islamiste a ensuite appelé les Palestiniens de Cisjordanie et Jérusalem-est à une «journée de colère» vendredi, par des manifestations partant de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem et de «toutes les mosquées en Cisjordanie».

La police israélienne a en conséquence mobilisé des milliers d'éléments et limité l'accès de l'esplanade des Mosquées aux hommes âgés de plus de 50 ans et munis d'une carte d'identité israélienne, aucune restriction n'étant imposée aux femmes.

L'armée israélienne a annoncé le bouclage total pendant 24 heures de la Cisjordanie à partir de minuit (jeudi, 17h00 HNE).

A l'appel du Hamas, les Palestiniens doivent aussi manifester dans la bande de Gaza.

Les attaques se sont poursuivies jeudi à Gaza après le rejet la veille par Israël de propositions de trêve de l'UE, laissant présager une imminente offensive terrestre.

Parmi les cibles touchées figurent des ministères, un bâtiment du Parlement palestinien, des tunnels de contrebande et des ateliers «de fabrication de roquettes».

Selon des témoins, les attaques ont aussi visé des bureaux de change à Gaza-ville dans la nuit et une mosquée dans le sud jeudi matin.

«Nous nous rapprochons de l'heure de la décision» sur une éventuelle offensive terrestre, a indiqué à la télévision le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Parlement israélien, Tzahi Hanegbi.

«Nous ne voulons pas d'une guerre longue et nous ne souhaitons pas élargir le front», avait déclaré auparavant Ehud Olmert lors d'une tournée à Beersheva, ville du sud visée ces derniers jours par plusieurs roquettes tirées de la bande de Gaza, distante de 40 km.

De Paris, où elle s'est entretenue avec le président français Nicolas Sarkozy, la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni a elle réaffirmé qu'Israël déciderait «le moment venu» d'arrêter ses opérations.

M. Sarkozy doit entamer lundi une tournée au Proche-Orient pour «chercher les chemins de la paix». Il se rendra en Egypte, en Cisjordanie et en Israël, puis mardi en Syrie et au Liban, a annoncé l'Elysée.

Au Vatican, le pape Benoît XVI a lancé à l'occasion du 1er janvier, célébré dans l'Eglise catholique comme la «journée mondiale de la paix», un appel pour que la «violence» et la «haine» ne «prennent pas le dessus» dans le monde en 2009, citant notamment le Proche-Orient où «la grande majorité» des populations israélienne et palestinienne veut «vivre en paix».

L'opération à Gaza est soutenue par 71% d'Israéliens, selon un sondage publié par le quotidien Haaretz.

Les tirs de roquettes de Gaza ont fait depuis le 27 décembre quatre morts, dont un soldat, et plusieurs dizaines de blessés.

Plus de 50 de ces engins se sont abattus jeudi dans le sud d'Israël, notamment à Beersheva et Ashdod, selon l'armée.

Sur le plan diplomatique, la Libye a déposé au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat et son plein respect par Israël et le Hamas.