Si l'armée israélienne lance une offensive terrestre contre Gaza, elle évitera une partie des écueils qui ont miné ses opérations au Liban en 2006. Il s'agissait d'une région vaste et vallonnée où abondaient les cachettes pour les soldats du Hezbollah. Gaza est plus simple, mais il s'agit d'une des régions les plus densément peuplées de la planète et les pertes civiles seront beaucoup plus importantes.

Telle est l'analyse d'Aaron Miller, politologue au Centre Woodrow Wilson, un groupe de réflexion de Washington. «L'échec au Liban était en partie dû à des objectifs irréalistes, la destruction du Hezbollah, mais aussi à un terrain propice à la guérilla», explique M. Miller, qui vient de publier le livre The Much Too Promised Land: America's Elusive Search for Arab-Israeli Peace, en entrevue téléphonique. Israël a tiré des leçons du Liban, et limite ses objectifs à la destruction des lanceurs de roquettes et aux stocks d'armes du Hamas. Mais il y aura certainement des surprises. Des édifices pourraient être minés et, de toute façon, les pertes civiles seront beaucoup plus importantes, même si l'armée évitera probablement le coeur des villes.

 

Une offensive inévitable?

Le politologue américain estime néanmoins une offensive terrestre inévitable.

«Je pense que ça va survenir plus tôt que plus tard. Israël a dit plusieurs fois que la perspective d'un lourd bilan ne l'empêchera pas d'atteindre ses objectifs.»

Une fois les armes du Hamas détruites, ne sera-t-il pas facile de reconstruire l'arsenal palestinien? «Évidemment, dit M. Miller. Mais la vie est une série de choix, et l'alternative est de ne rien faire alors que pleuvent les roquettes sur Israël. Et une fois que ce cycle aura recommencé quelques fois, peut-être les Palestiniens renonceront-ils au Hamas.»