Au quatrième jour des raids menés contre la bande de Gaza, les appels au cessez le-feu s'organisent tandis que les hostilités se traduisent par une guerre des médias à saveur électorale.

Israël a poursuivi hier sa «guerre sans merci» contre la résistance palestinienne dans la bande de Gaza, tout en laissant entendre qu'il pourrait suspendre ses bombardements aériens à la demande de la communauté internationale.

 

Cette demande d'un «cessez-le-feu immédiat et durable» est venue de l'Union européenne (UE), relayée aussitôt par le Quartette (ONU, UE, États-Unis et Russie) et, séparément, par l'administration Bush dont Israël avait le feu vert.

Ehoud Barak, ministre israélien de la Défense et chef du Parti travailliste engagé dans la campagne pour les législatives de février, a dit «envisager» avec intérêt «une proposition de cessez-le-feu de 48h».

Ni l'UE ni le Quartette n'ont parlé d'un «cessez-le-feu de 48h».

À Rome, le président israélien Shimon Peres a affirmé à son homologue italien Giorgio Napolitano qu'Israël n'avait «pas l'intention de recourir» à une offensive terrestre dans la bande de Gaza, selon le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini.

Signaux trompeurs?

Ces signaux conciliants sont sujets à caution, des analystes en Israël estimant que la coalition sortante d'Ehoud Olmert «cache son jeu». «Tout fait partie du plan qui a permis de prendre le Hamas par surprise», a commenté la journaliste Ayala Hasson, de la télévision publique.

En soirée, Olmert, Barak et Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères et chef du parti Kadima, ont discuté d'un cessez-le-feu, selon un responsable. Mais le bureau d'Olmert a décidé après la réunion de ne divulguer aucune information.

Israël parachève en même temps ses préparatifs d'offensive terrestre et déploie de nouveaux renforts à l'entrée de la bande de Gaza. Barak a obtenu le feu vert hier pour mobiliser 2500 réservistes de plus.

Le Hamas, qui a remporté les dernières législatives, s'est dit prêt à négocier un cessez-le-feu en échange de la levée du blocus de Gaza. À défaut, il a menacé de lancer une troisième Intifada (soulèvement populaire contre l'occupation israélienne), avec des roquettes de longue portée et des attentats suicide en Israël.

400 tués, 1800 blessés

Le bilan de quatre jours de raids menés par des F-16 et de tirs de centaines de roquettes par le Hamas frisait les 400 tués et 1800 blessés du côté palestinien, et quatre morts et des dizaines de blessés côté israélien.

Selon l'AFP, des dizaines de civils figurent parmi les morts, dont 39 enfants de moins de 16 ans et 13 femmes. Les derniers chiffres de l'ONU remontent à lundi et font état de 62 civils, en comptant seulement les femmes et les enfants.

Selon John Holmes, sous-secrétaire aux Affaires humanitaires, «il y a des civils parmi les hommes tués, mais nous ne les avons pas comptés, pour ne pas être accusés de manipuler les chiffres». L'ONU n'a pas publié de bilan hier.

Les manifestations dans le monde sont devenues quotidiennes pour condamner Israël, puissance occupante, et demander l'arrêt de l'opération «Plomb durci». Londres, Paris, New York, mais aussi Sydney et Rio ont vu hier des protestations.

À Téhéran, des manifestants en colère ont réussi à pénétrer dans le complexe de l'ambassade de Grande-Bretagne, où ils ont hissé le drapeau palestinien. À Hawaii, des gens ont manifesté devant la maison de Kailua, où le président américain désigné Barack Obama est en vacances.

Fermé aux médias

Les médias étrangers exigent l'accès au territoire de 360 km2 où s'entassent 1,5 million de Palestiniens sous blocus israélien depuis deux ans. L'Association de la presse étrangère (400 membres) a saisi la Cour suprême d'Israël du dossier.

Une tentative de militants de livrer du secours d'urgence à Gaza a tourné court quand la marine israélienne a endommagé le bateau Dignity venant de Chypre. «C'était une agression délibérée», a affirmé l'ancienne représentante américaine Cynthia McKinney. Israël a nié, parlant plutôt d'«accident».

L'aviation israélienne a bombardé à nouveau les bureaux du premier ministre Ismaïl Haniyeh à Gaza et des tunnels de contrebande à Rafah.

Des F-16 ont largué leurs puissantes bombes à la frontière avec l'Égypte, ce qui a obligé Le Caire à fermer provisoirement le passage, rouvert la veille pour l'entrée de secours et la sortie de blessés. Le terminal a été rouvert hier soir.

Avec AFP, AP, Reuters, CSM, Al Jazira, Guardian, Daily Star, JPost et Haaretz.