Le président afghan Hamid Karzai a dénoncé vendredi l'interdiction d'aller à école faite aux filles par des extrémistes talibans du nord-ouest du Pakistan, frontalier de l'Afghanistan, une mesure «régressive» et dommageable selon lui aux tribus pachtounes de la région.

Jeudi, des responsables pakistanais ont annoncé que des talibans de la vallée de Swat (nord-ouest) avaient intimé l'ordre aux filles de ne pas se rendre dans les établissements scolaires à partir de janvier et menacé de tuer toutes celles qui braveraient cet interdit.Dans un communiqué transmis vendredi à l'AFP, M. Karzai a jugé cette mesure «non islamique et inhumaine», en soulignant que l'Afghanistan était lui aussi confronté aux mêmes menaces contre l'éducation dans le sud, l'un des foyers de l'insurrection des talibans afghans.

Compte-tenu «de notre responsabilité islamique et de notre bienveillance envers nos frères et soeurs pachtounes, nous condamnons toute mesure qui serait régressive et malheureuse pour cette cette large tribu», a-t-il insisté.

«En diffusant de tels messages, ces individus veulent priver les enfants pachtounes d'éducation, pour en faire des nécessiteux perpétuels», estime M. Karzai, lui-même membre de l'ethnie pachtoune, majoritaire dans le sud et l'est afghans comme de l'autre côté de la frontière, dans l'ouest du Pakistan.

Ces zones sont particulièrement touchées par la rébellion des talibans, eux aussi d'origine pachtoune.

Autrefois destination touristique populaire, la vallée montagneuse de Swat est devenue depuis un an un terrain d'affrontements violents entre forces pakistanaises et des talibans qui veulent y imposer la charia (loi islamique).

Des combattants talibans y ont déjà détruit de nombreuses écoles publiques dans la vallée, selon des habitants, dont certains font désormais l'école aux filles dans leurs foyers.

En Afghanistan, les rebelles talibans ont également détruit des centaines d'écoles ces dernières années, notamment dans le sud, et leur insurrection gagne du terrain malgré la présence de plus de 70 000 soldats étrangers.