Un tribunal saoudien a refusé de prononcer le divorce d'une fillette de huit ans, mariée par son père à un adulte de 58 ans, arguant qu'elle devait d'abord atteindre «la puberté», a-t-on appris dimanche auprès de l'avocat.

«Le juge a refusé de se prononcer sur la plainte (de la mère), estimant qu'elle n'avait pas le droit d'effectuer une telle démarche et qu'une plainte éventuelle devait être déposée par la fillette elle-même, une fois pubère», a déclaré à l'AFP l'avocat de la plaignante, Me Abdallah Jtili. «Elle ne sait pas encore qu'elle a été mariée», a-t-il indiqué à propos de la fillette, qui s'apprête à entamer sa quatrième année à l'école primaire. Contacté par téléphone, Me Jtili se trouvait dans la ville de Unayzah, à 220 kilomètres au nord de Riyad, où l'affaire était jugée samedi.

La demande de divorce a été déposée par la mère de la fillette, juste après que l'acte de mariage eut été signé par le père. Les parents sont eux-mêmes divorcés.

Des membres de la famille ont indiqué, sans vouloir s'identifier, que le mariage n'avait pas été consommé et que la fillette continuait de vivre avec sa mère. Selon eux, le père a exigé que le mariage ne soit comsommé qu'une fois sa fille âgée de 18 ans.

Ce père, qui semble, selon ces mêmes sources, avoir des problèmes financiers, a reçu une dot de 30 000 riyals saoudiens (8 000 dollars).

Il était présent à l'audience et a réaffirmé être favorable à ce mariage.

Me Jtili a indiqué qu'il allait saisir la cour de cassation, la plus haute juridiction du royaume saoudien, une monarchie ultra-conservatrice qui applique rigoureusement la charia, la loi islamique.

Des cas de mariages arrangés d'enfants ont été évoqués par la presse dans l'ensemble de la péninsule arabique, y compris en Arabie saoudite, un royaume qui suit la wahhabisme, une version rigoriste de l'islam sunnite.

En avril, une fillette yéménite de huit ans a obtenu le divorce après que son père, un chômeur, l'eut marié à un homme de 28 ans.