Les autorités irakiennes ont fait état jeudi du démantèlement d'un réseau d'officiers qui préparait un «coup d'État» pour remettre en selle le parti Baas de l'ancien dictateur Saddam Hussein, une annonce qui laisse perplexe une partie de la classe politique.

«L'enquête actuelle ne concerne pas seulement le ministère de l'Intérieur mais s'étend à d'autres ministères chargés de la sécurité», a indiqué jeudi le ministère irakien de l'Intérieur dans un communiqué qui ne précise pas le nombre de personnes arrêtées et ne fait pas état des charges pesant contre elles.

«Nous avons mis en place une équipe d'enquêteurs de différents services de sécurité et nous avons émis des avis de recherches contre des officiers», a affirmé à l'AFP le général Ahmad Taha Aboul Raghif, vice-ministre de l'Intérieur chargé du renseignement.

«Je suis responsable de l'unité qui a arrêté les suspects à partir des informations que nous possédions et l'enquête continue. Je peux vous confirmer qu'il y a eu des violations de la loi», a-t-il ajouté tout en refusant de donner les nombre de personnes arrêtées.

Cependant, un autre responsable de ce ministère, parlant sous le couvert de l'anonymat, a assuré que «30 officiers de police de la circulation ainsi que sept officiers chargés de la sécurité du ministère de l'Intérieur sont sous les verrous pour tentative de coup d'État» contre le gouvernement du premier ministre Nouri al-Maliki.

«Les fonctionnaires arrêtés ont avoué être liés au parti Al-Awda («Le Retour» en arabe), un mouvement clandestin qui tente de faire revenir au pouvoir le parti Baas», de l'ancien président Saddam Hussein qui a été renversé en 2003 lors de l'invasion conduite par les États-Unis, a assuré un haut fonctionnaire.

L'organisation Al-Awda, qui a fait son apparition en juin 2003, regroupe notamment des anciens membres de la «garde républicaine», les forces d'élite de l'ancien régime irakien, du parti Baas et des services secrets de Saddam Hussein.

Selon le général Aboul Raghif, durant l'enquête «de faux badges du ministère de l'Intérieur ont été trouvés».

Il a accusé certains pays de la région d'être impliqués dans le complot. «Nous avons pris de très sérieuses mesures pour contrer l'influence de pays de la région qui sont hostiles à l'Irak et qui cherchent à porter atteinte à notre sécurité, spécialement au ministère de l'Intérieur», a-t-il dit.

Interrogé par l'AFP, le porte-parole du Front de la Concorde Irakienne (sunnite), Selim Abdallah, a affirmé que son parti «n'avait pas reçu d'explications claires sur ces arrestations, ni sur les personnes arrêtées».

Pour sa part, Liwaa Smaissim, le chef du bureau politique du mouvement radical chiite de Moqtada Sadr, s'est montré sceptique. «Nous vivons sous occupation et il est impossible de croire à ce type d'histoires sauf si ce coup était soutenu par les occupants qui veulent changer le régime», a estimé M. Smaissim.

En revanche, selon le député chiite Abbas al-Bayati, de l'Alliance unifiée irakienne (AUI), «ces arrestations sont le résultat du travail de renseignement qui s'avère de plus en plus efficace et je pense que les ennemis de l'Irak vont continuer à porter atteinte à l'évolution démocratique».

Le New York Times de jeudi, citant des responsables de la sécurité à Bagdad, avait affirmé que les forces de sécurité avaient arrêté 35 membres du ministère de l'Intérieur irakien, dont certains accusés de préparer un coup d'État. Parmi eux figurent quatre généraux.

Le journal américain, qui indique également que les personnes arrêtées étaient liées au mouvement Al-Awda, a ajouté qu'elles «travaillaient discrètement pour reconstituer le parti Baas» et étaient «aux étapes préliminaires de la préparation du coup».

En janvier 2008, le parlement irakien avait approuvé une loi controversée sur la réhabilitation d'anciens membres du parti Baas, une mesure censée marquer une étape importante vers la réconciliation nationale.