Le gouvernement irakien a approuvé à la quasi-unanimité dimanche l'accord de sécurité avec les Etats-Unis qui prévoit le retrait total des troupes américaines d'Irak à la fin de 2011.

L'accord a été adopté par 27 des 28 ministres présents au Conseil du gouvernement, soit largement plus que la majorité des deux-tiers requise, a affirmé à l'AFP le ministre des Sciences et Technologie Raid Jahid Fahmi. Le gouvernement compte 38 ministres, mais dix étaient absents.

«Tous les groupes politiques ont exprimé une attitude positive. Ils ont considéré l'accord comme le meilleur possible car il organise la présence des forces (américaines) et garantit leur retrait total», a affirmé le porte-parole du gouvernement Ali al-Dabbagh.

«Les dernières modifications ont permis d'obtenir les meilleures solutions possibles pour les deux parties dans les circonstances actuelles», a-t-il ajouté.

Le texte de 31 articles devait être envoyé dimanche au Parlement qui pourra l'approuver à la seule majorité simple, «mais je pense que politiquement il faut qu'une large partie du Parlement vote pour», a assuré M. Fahmi.

Le Conseil des ministres s'est déroulé sous la présidence du Premier ministre Nouri al-Maliki, qui a précisé «les avancées et les points sur lesquels il n'a pas été possible d'obtenir ce que l'Irak souhaitait», a ajouté M. Fahmi. Selon lui, la majorité des ministres s'est exprimée.

«Ce n'est pas l'accord idéal mais c'est le meilleur comparé à toutes les autres solutions de rechange. Un long chemin a été fait par rapport au premier texte qui nous a été présenté et qui était inacceptable», a-t-il ajouté, faisant référence à une première mouture discutée par Bagdad le 21 octobre.

Négocié âprement pendant près d'un an, l'accord prévoit le départ des quelque 150 000 soldats américains répartis sur plus de 400 bases huit ans après l'invasion qui a conduit à la chute de l'ancien dictateur Saddam Hussein.

Le premier ministre a obtenu l'aval des ministres des trois grandes communautés chiite, sunnite et kurde. Seul un secrétaire d'Etat, appartenant au Front de la concorde nationale (sunnite) a «émis des réserves à titre personnel», a indiqué M. Fahmi.

Après deux lectures au Parlement, un processus d'au moins une semaine, le texte doit être entériné par la présidence collective, le Conseil présidentiel.

Ce n'est qu'ensuite que M. Maliki apposera sa signature au côté de celle du président américain George W. Bush.

La Maison-Blanche avait salué vendredi un «bon accord» satisfaisant les deux parties.

Cet accord offre un cadre juridique à la présence des soldats américains à l'expiration, le 31 décembre, du mandat de l'ONU sous lequel ils opéraient.

Selon M. Dabbagh, il prévoit le retrait des forces américaines des villes et localités fin juin 2009 et leur retrait total d'Irak fin 2011.

Concernant l'immunité accordée aux soldats américains, un point litigieux, c'est un comité conjoint qui déterminera si un soldat américain soupçonné de crime est éventuellement passible des tribunaux irakiens.

Par ailleurs, l'Irak aura le droit de fouiller le matériel américain entrant ou sortant de ses frontières.

Enfin, les dossiers des 16 400 Irakiens détenus par l'armée américaine «seront transférés au gouvernement irakien et la justice irakienne libèrera ceux contre qui n'existe aucune charge et fera passer en procès les présumés coupables», a dit le porte-parole.

Le Grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, avait donné vendredi implicitement son feu vert à l'adoption du texte.

Mais le mouvement du chef radical chiite Moqtada Sadr a réaffirmé dimanche sa forte opposition.

«Nous sommes surpris et étonnés par ce vote qui est une sujétion à l'occupation», a déclaré un des responsables, Hazim al-Aaraji.

«Ce vote fait fi du sang des martyrs et nous allons organiser vendredi une grande manifestation pour répondre à l'appel lancé par Moqtada Sadr», a-t-il dit à l'AFP.