Des milliers de jeunes Iraniens ont manifesté lundi devant l'ancienne ambassade américaine à Téhéran pour commémorer le 29e anniversaire de la prise du bâtiment par des étudiants islamistes.

Les manifestants, principalement des écoliers et des étudiants, emmenés par bus sur place, ont brandi des banderoles proclamant «mort à l'Amérique» et «mort à Israël».

Ils ont également brûlé des effigies de l'oncle Sam ou encore des drapeaux américains et israéliens.

Sous le froid et une fine pluie, les jeunes manifestants, rassemblés devant «le nid d'espion», appellation utilisée par le pouvoir islamique pour qualifier l'ancienne représentation américaine, portaient aussi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «nous ne nous entendrons jamais avec les États-Unis même un seul instant».

Moins nombreux que les années précédentes, ils ont très vite regagné les bus qui les attendaient pour les ramener dans leurs établissements scolaires.

Des manifestations identiques ont été organisées dans les autres villes du pays.

Quelques mois après l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeiny, des étudiants islamistes avaient pris d'assaut le 4 novembre 1979 l'ambassade américaine et pris en otage le personnel, qui avait été relâché 444 jours plus tard. Les deux pays avaient rompu leurs relations diplomatiques à la suite de cette action, qui dénonçait l'ingérence américaine dans les affaires nationales de l'Iran.

La manifestation de ce lundi intervient à la veille de la présidentielle américaine qui doit voir la victoire du républicain John McCain ou du démocrate Barak Obama.

Un succès de ce dernier pourrait améliorer les relations entre les deux pays, selon de nombreux Iraniens, alors que Téhéran est sous le coup de sanctions de l'ONU en raison de son refus de stopper son programme nucléaire controversé.

Mais parmi les manifestants à Téhéran, les avis étaient partagés.

«Obama c'est bien, parce qu'il pense d'abord à son peuple et il ne veut pas la guerre», a déclaré Amir, un lycéen de 16 ans.

Mais pour Mahmoud, un étudiant bassdji (volontaire islamiste) de 19 ans, il n'y a pas de différence entre les deux candidats.

«De toute façon, ce n'est pas une personne qui va changer la politique des États-Unis. Quel que soit l'élu, il ne pourra rien faire contre l'Iran qui est un pays indépendant», a-t-il affirmé à l'AFP.

Il y a quelques jours, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait affirmé que la haine contre Washington restait très profonde, en faisant l'éloge des étudiants islamistes qui avaient pris l'ambassade.

La tension est montée entre Téhéran et Washington notamment à cause du programme nucléaire civil iranien que les Occidentaux soupçonnent de servir à la fabrication de l'arme atomique, ce que Téhéran dément.

Dans leur communiqué final, les manifestants ont dénoncé les «actions honteuses des États-Unis et de certains pays occidentaux (...) pour empêcher le progrès scientifiques de la République islamique (...) ainsi que les pressions politiques américaines» contre le programme nucléaire iranien.