Les États-Unis envisagent de négocier avec les talibans en Afghanistan, affirme mardi le Wall Street Journal, qui cite des responsables anonymes au sein de l'administration américaine.

«Des responsables à la Maison-Blanche et au sein du commandement militaire estiment qu'engager des négociations avec certains talibans --à l'exclusion des leaders du mouvement-- permettrait d'inverser la spirale actuelle vers le bas en Afghanistan et au Pakistan voisin», écrit le journal sur son site internet.

Cette nouvelle approche était envisagée dans un avant-projet de recommandation d'un rapport classifié de la Maison-Blanche sur l'évaluation de la stratégie américaine en Afghanistan, précise le Wall Street Journal.

Les négociations seraient menées par le gouvernement afghan, «avec la participation active des États-Unis», ajoute le journal.

La version finale de ce rapport sur la stratégie américaine est attendue le mois prochain, après l'élection présidentielle du 4 novembre, toujours selon le quotidien.

Des responsables afghans ont rencontré début octobre à la Mecque, en Arabie Saoudite, d'anciens membres du régime des talibans (au pouvoir à Kaboul de 1996 à 2001), marquant une première ébauche de négociations à haut niveau entre les deux parties.

En Afghanistan, les contacts informels sur le terrain n'ont cependant jamais cessé entre les représentants du gouvernement d'Hamid Karzaï (dont certains, en particulier dans les provinces, sont d'anciens membres de la milice fondamentaliste) et les talibans.

L'armée américaine est elle-même en contact depuis des années avec des ex-dignitaires talibans, comme Wakil Ahmed Muttawakil, ancien ministre des Affaires étrangères sous le régime de Mollah Omar, qui s'est rendu en 2002 aux soldats américains.

Vivant depuis lors en résidence surveillée dans son pays, Wakil Ahmed Muttawakil est susceptible de faire l'intermédiaire avec les leaders actuels du mouvement taliban et son nom a été cité dans la presse comme étant impliqué dans les négociations de la Mecque.

Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les États-Unis.

Les violences ont redoublé d'intensité depuis près de deux ans malgré la présence de 70.000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'OTAN, l'autre sous commandement américain (Operation Enduring Freedom).

Le 8 octobre, le général américain David Petraeus, ancien commandant de la coalition en Irak et récemment nommé chef des troupes américaines dans les guerres d'Irak et d'Afghanistan, avait estimé que des tentatives devaient être entreprises pour ouvrir un dialogue avec les insurgés talibans.

Le général Petraeus avait également confirmé l'existence d'«initiatives locales» en Afghanistan pour de telles discussions.

L'officier est crédité d'avoir considérablement amélioré la sécurité en Irak en mettant en oeuvre une habile stratégie de retournement des insurgés sunnites, autrefois ennemis acharnés des troupes américaines, devenus à coups de dollars les supplétifs des GI's dans la lutte contre Al-Qaeda.