Malalaï Kakar, la policière la plus célèbre d'Afghanistan, a été assassinée dimanche matin par des talibans devant son domicile à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan, a-t-on appris de source officielle.

«Malalaï Kakar a été la cible de tirs d'hommes armés ce matin, entre 07H00 et 08H00, devant sa maison, alors qu'elle se rendait à son travail. Elle est morte sur le coup et son fils a été blessé», a déclaré à l'AFP Zalmay Ayoobi, porte-parole du gouverneur de Kandahar. Un médecin de l'hôpital de Mirwais, à Kandahar, a confirmé que son corps avait été transporté à la morgue de l'établissement.

«Elle a été atteinte à la tête. Son fils a été gravement blessé», a-t-il affirmé. Ce dernier est âgé de 15 ans, selon la police.

Un porte-parole des talibans a revendiqué cet assassinat. «Malalaï Kakar était l'une de nos cibles et nous avons aujourd'hui réussi à l'éliminer», a déclaré à l'AFP par téléphone, Yousuf Ahmadi.

Le président Hamid Karzaï a fermement condamné le «lâche assassinat» de Malalaï Kakar, «une figure bien connue parmi les femmes policiers» et a ordonné aux autorités de faire comparaître en justice dès que possible les meurtriers.

La ministère de l'Intérieur a également rendu hommage à Malalaï, qualifiée de «héroïne courageuse et modèle pour notre profession».

Malalaï Kakar, âgée de près de 40 ans, était mère de six enfants. Elle avait le grade de capitaine et dirigeait le département des crimes contre les femmes de la police de Kandahar, la grande ville du sud du pays et berceau des talibans, qui l'avaient menacée à plusieurs reprises.

Fille et soeur de policier, engagée dans la police à la fin des années 80, Malalaï Kakar avait fui le pays à l'arrivée au pouvoir des talibans, qui avaient interdit aux femmes de travailler, avant de reprendre ses fonctions à la chute de leur régime fin 2001.

Elle avait fait l'objet de nombreux articles de la presse afghane et internationale.

«Elle était la première femme à s'engager dans la police de Kandahar après la chute des talibans. Malalaï était très respectée à Kandahar, on savait qu'elle était très courageuse», a indiqué une source de la police de Kandahar qui a requis l'anonymat.

Son prénom renvoie d'ailleurs à une héroïne afghane légendaire de la guerre contre les Britanniques, à la fin du XIXe siècle.

«Malalaï ne se déplaçait jamais sans son arme et toujours en compagnie d'un homme de sa famille», a ajouté cette source.

Les policiers afghans paient un lourd tribut à la violence qui ensanglante le pays. Quelque 720 policiers ont ainsi été tués au cours des six derniers mois, selon le ministère de l'Intérieur.

En juin dernier, une policière avait été tuée par balles dans la province de Herat, dans l'ouest de l'Afghanistan, et la police locale avait accusé les talibans de ce meurtre, qui aurait été le premier d'une femme policier par les insurgés fondamentalistes.

La police afghane compte environ 82 000 policiers, dont seulement quelques centaines de femmes.

Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir à la fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les États-Unis. Les violences ont redoublé d'intensité depuis deux ans malgré la présence de 70 000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'OTAN, l'autre sous commandement américain.