Le chef d'état-major américain, l'amiral Michael Mullen, a cherché vendredi à apaiser les tensions entre Washington et Islamabad après un incident entre leurs armées jeudi à la frontière afghano-pakistanaise, en appelant au «travail d'équipe» et au «calme».

«Aujourd'hui plus que jamais est le temps du travail d'équipe, du calme» dans la lutte contre les talibans et Al-Qaïda, qui selon Washington et nombre d'experts ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales pakistanaises frontalières avec l'Afghanistan, a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse. Il a par ailleurs indiqué avoir «reçu des assurances de la part des dirigeants militaires pakistanais qu'il n'existe aucune intention ou projet de tirer sur les forces armées américaines», lors d'une rencontre la semaine dernière avec le chef de l'armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani, et a dit qu'il n'avait pas de raison de croire que ces relations avaient changé depuis.

Ces propos interviennent au lendemain d'échange de tirs entre militaires pakistanais et Américains le long de la frontière afghano-pakistanaise, après des tirs pakistanais sur deux hélicoptères américains. Les Etats-Unis assurent qu'ils étaient en territoire afghan et n'ont jamais franchi la frontière, Islamabad jure lui qu'ils étaient au Pakistan.

«Personne ne peut tirer profit de malentendus entre nous, ou d'une rhétorique dure ou d'un conflit ouvert. Nous combattons tous le même ennemi», a insisté l'amiral Mullen.

«Je reste persuadé que les chefs militaires pakistanais comprennent la nature du problème et travaillent dur pour l'éliminer», a souligné l'amiral Mullen, en saluant les récents efforts entrepris par l'armée pakistanaise pour déloger les insurgés de leur côté de la frontière.

Les militaires ont affirmé vendredi avoir tué plus d'un millier de combattants islamistes, dont cinq de leurs chefs, depuis le lancement en août d'une grande offensive dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières avec l'Afghanistan.

L'amiral Mullen a rappelé que l'état-major avait entrepris «un examen de notre stratégie militaire dans la région frontalière, côté afghan mais aussi côté paksitanais, pour identifier les problèmes mais aussi trouver des solutions multilatérales».

«Nous travaillons dur pour améliorer la coordination des deux côtés de la frontière», et «nous avons eu des réunions tripartites» entre Américains, Pakistanais et Afghans, a souligné le chef d'état-major américain.

Il s'est dit «encouragé» par la proposition du minsitre afghan de la Défense d'établir une force conjointe afghano-pakistanaise pour patrouiller à la frontière. «C'est précisément le genre de coopération dont nous avons besoin», a-t-il dit.

Il a toutefois affirmé que la solution n'était pas uniquement militaire, mais aussi économique, alors que le Pakistan est en difficultés.

L'incident de jeudi a avivé les tensions déjà fortes entre les Etats-Unis et le Pakistan, pourtant son allié-clé dans sa «guerre contre le terrorisme», ce dernier accusant les forces américaines en Afghanistan de multiplier ces derniers temps les tirs de missiles par des avions sans pilote (drones) sur son territoire contre les talibans et des combattants d'Al-Qaïda, en violant sa souveraineté.