La réunion ministérielle des Six grandes puissances engagées dans les discussions sur le programme nucléaire iranien prévue jeudi a été annulée à la demande de Moscou, a indiqué mardi le Département d'Etat.

«Il n'y aura pas de réunion des ministres du P5+1», a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack.

Le groupe P5+1, aussi connu sous le nom de 3+3, est formé par l'Allemagne, la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine, qui tentent de convaincre l'Iran, y compris par des sanctions, d'abandonner son programme nucléaire soupçonné d'être à des fins militaires.

Le ministère russe des Affaires étrangères avait indiqué mardi dans un communiqué diffusé à Moscou ne pas voir «l'urgence de discuter du programme nucléaire iranien en marge de l'Assemblée générale de l'ONU».

Les chefs de diplomatie étaient censés se rencontrer jeudi en marge de l'Assemblée générale à New York pour se pencher sur d'éventuelles nouvelles sanctions contre Téhéran, qui refuse de suspendre son programme nucléaire, avait fait savoir cette semaine le Quai d'Orsay.

«Il est clair aujourd'hui que bien que tout le monde au sein des 5+1 soit engagé à poursuivre la double politique, il y a deux pays, la Russie et la Chine, qui ne sont prêts à ce stade à travailler activement à une nouvelle résolution prévoyant des sanctions», a indiqué un haut responsable du département d'Etat.

La Chine «serait prête à discuter» mais la Russie a remis en question la réunion car Moscou «n'a pas le même sens de l'urgence de la situation» que les Occidentaux, a ajouté le responsable ayant requis l'anonymat.

Le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s'est inquiété de l'impact de ce report. «Il n'y a aucun doute que sans cette rencontre, dont nous avons un besoin urgent en l'état actuel des choses, il sera plus difficile de faire en sorte que la nécessaire pression internationale fasse son effet», a-t-il déclaré peu avant que l'annulation de la rencontre soit annoncée officiellement.

La Russie a fait savoir son intention de ne pas participer à la réunion de New York dans un communiqué publié à Moscou par le ministère russe des Affaires étrangères.

Il s'agissait également d'une réponse officielle aux déclarations de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, qui, dans un discours jeudi à Washington, avait prévenu que les Etats-Unis et la Russie continueraient à coopérer dans certains domaines mais pas dans d'autres.

«Il serait souhaitable pour Washington qu'il décide enfin de ce qu'il veut dans ses relations avec Moscou. S'il souhaite punir la Russie, c'est une chose. S"il convient que nous avons des intérêts communs... c'en est une autre», a estimé le ministère des Affaires étrangères russe, laissant entendre que Moscou se sert du dossier nucléaire iranien pour s'opposer à Washington.

«Pour reprendre les mots de Condoleezza Rice, vous ne pouvez pas gagner sur tous les tableaux», ajoutait ce communiqué en référence à des propos tenus par la secrétaire d'Etat américaine pour critiquer les opérations militaires russes en Géorgie le mois dernier.

Le conflit armé dans le Caucase a provoqué les pires tensions entre Washington et Moscou depuis la Guerre froide.