Les enquêteurs traquaient lundi une cellule de militants islamistes d'Al-Qaïda à Islamabad, soupçonnés d'avoir perpétré l'attentat suicide qui a dévasté samedi le grand hôtel Marriott en plein coeur de la capitale du Pakistan et tué au moins 60 personnes.

Samedi soir, un kamikaze a fait exploser un gros camion de chantier devant la barrière de sécurité de cet établissement de luxe, le réduisant à l'état de ruine calcinée.

Selon le ministre de l'Intérieur, le président pakistanais Asif Ali Zardari et son Premier ministre devaient dîner au Marriott samedi soir mais ils auraient changé d'avis au dernier moment.

Les policiers pensent que les terroristes ont assemblé leur puissante bombe de 600 kg d'explosif à Islamabad même, dans une cachette, car tous les camions sont fouillés par la police et l'armée aux entrées de la capitale, où sont installés des check-points depuis le début de la sanglante vague d'attentats suicide au Pakistan il y a plus d'un an. Ces attentats sont attribués aux talibans pakistanais proches du réseau d'Oussama Ben Laden.

 «Nous concentrons pour l'heure nos forces sur la recherche du réseau d'Islamabad qui a facilité l'assemblage et le transport de la bombe», a expliqué un enquêteur à l'AFP.

Au moins 60 personnes ont été tuées, selon des responsables policiers -- 53 selon un bilan officiel -- et 266 blessés. Deux Américains, l'ambassadeur tchèque à Islamabad et une Vietnamienne figurent parmi les tués. Un agent des renseignements danois est porté disparu.

Il est fort probable que les explosifs ont été acheminés par petites quantités depuis les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, frontalières avec l'Afghanistan, et bastion des talibans pakistanais proches d'Al-Qaïda, a estimé le responsable des services de sécurité.

Dimanche, le conseiller du Premier ministre pour l'Intérieur, Rehman Malik, avait indirectement accusé les talibans pakistanais liés à Al-Qaïda, assurant que le TNT et le RDX, des explosifs de très haute qualité, étaient du même type que ceux utilisés pour deux précédents attentats, dont l'un -- contre l'ambassade du Danemark à Islamabad-- avait été revendiqué par Al-Qaïda.

 «Nous rassemblons des preuves. Les explosifs sont les mêmes que ceux utilisés dans l'attentat contre l'ambassade du Danemark, revendiqué par Al-Qaïda, et celui de Rawalpindi (visant des locaux des services de renseignements pakistanais et qui avait fait 15 morts en novembre 2007)», a confirmé à l'AFP un autre officier proche de l'enquête.

L'attaque contre le Marriott n'a pas été revendiquée mais les spécialistes du réseau d'Oussama Ben Laden considèrent désormais que le nord-ouest du Pakistan est devenu «le nouveau front de la guerre contre le terrorisme».

Les Etats-Unis sont convaincus que les talibans afghans et Al-Qaïda ont reconstitué leurs forces dans ces zones tribales.

Les forces américaines en Afghanistan y multiplient les tirs de missiles ciblant les combattants fondamentalistes, mais sans épargner des civils, au grand dam d'Islamabad qui proteste en vain.

Dimanche, des soldats pakistanais ont ouvert le feu sur deux hélicoptères de combat américains qui avaient violé l'espace aérien pakistanais en provenance de l'Afghanistan, selon des responsables locaux des services de sécurité pakistanais.

Ces tirs «les ont forcés à retourner en Afghanistan», a assuré l'un d'eux.

Ni les forces armées pakistanaises, ni la coalition internationale conduite par les Etats-Unis en Afghanistan n'ont fait le moindre commentaire.

Washington reproche à Islamabad de ne pas contribuer suffisamment à sa «guerre contre le terrorisme».

Mais la République islamique du Pakistan, seule puissance nucléaire militaire du monde musulman, a déjà payé un très lourd tribut à cette lutte contre le terrorisme: plus d'un millier de soldats ont été tués dans les zones tribales depuis 2002 et, surtout, la campagne sans précédent d'attentats suicide dans tout le pays a déjà fait près de 1 300 morts.