Le premier ministre israélien Ehud Olmert, éclaboussé par des affaires de corruption, a annoncé dimanche sa démission et passé le flambeau à la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, qui espère lui succéder le plus vite possible.

Son cabinet a précisé qu'il présenterait formellement sa démission dimanche vers 19h30 locales (12h30 HAE) au président Shimon Peres, ce qui enclenchera officiellement le processus pour sa succession à la tête du gouvernement. «J'ai décidé de quitter mes fonctions en tant que premier ministre du gouvernement israélien», a déclaré devant les journalistes Ehud Olmert à l'ouverture du conseil des ministres hebdomadaire.

«Je souhaite que Tzipi Livni réussisse à former un gouvernement le plus vite possible selon la composition qu'elle choisira», a ajouté M. Olmert.

Mme Livni a succédé à Ehud Olmert à la tête du Kadima, le parti au pouvoir, après sa victoire lors des primaires organisées mercredi.

«Je l'aiderai de toutes mes forces à former un gouvernement, car je sais combien une telle mission est difficile, lourde et sensible», a assuré le premier ministre, alors que la radio publique a annoncé qu'il devait rencontrer Mme Livni dimanche soir.

Une fois qu'il aura reçu la démission de M. Olmert, M. Peres a sept jours pour consulter les chefs des 13 partis représentés au Parlement et désigner le député le mieux placé pour tenter de former un gouvernement.

Selon la radio militaire, M. Peres doit rencontrer dimanche soir les représentants des principales formations politiques, le Kadima, le Likoud, les Travaillistes et le Shass.

En tant que chef du Kadima, Mme Livni a toutes les chances d'être choisie. Dans ce cas, elle aura 42 jours pour présenter un gouvernement, faute de quoi des élections anticipées devraient être organisées dans les 90 jours.

En attendant, M. Olmert demeurera à la tête d'un gouvernement de transition.

La passation de pouvoirs pourrait toutefois subir un retard M. Peres devant quitter Israël lundi soir pour assister à l'Assemblée générale des Nations unies à New York, et ne rentrer que dimanche prochain.

Selon les commentateurs, M. Peres risque de ne pas avoir le temps de consulter tous les chefs de parti avant son départ.

Mme Livni n'a pas attendu le feu vert présidentiel pour entamer des consultations informelles. Elle s'est prononcée pour le maintien de la coalition actuelle qui comprend, outre le Kadima, le parti travailliste, les ultra-orthodoxes du Shass et le parti des retraités.

Elle a proclamé que des élections anticipées n'avaient «aucune raison de faire peur à Kadima».

Mme Livni a fait ces déclarations alors qu'elle doit faire face, selon les médias, à une possible alliance de deux anciens chefs de gouvernement, Ehud Barak (travailliste), actuel ministre de la Défense, et Benjamin Netanyahu (Likoud, droite), qui se sont rencontrés samedi soir à Tel-Aviv.

Tous deux s'inquiètent de l'arrivée au pouvoir de Mme Livni, qui pourrait au gouvernement renforcer sa popularité, selon les radios publique et militaire.

Les deux hommes se sont déclarés favorables à un gouvernement «d'urgence nationale», a indiqué un communiqué du ministère de la Défense en allusion à un cabinet qui regrouperait travaillistes, Likoud et Kadima.

Mais les deux responsables ne sont pas tombés d'accord sur le moment où cette alliance devrait être nouée. M. Netanyahu, qui a le vent en poupe dans les sondages, prône des élections anticipées «le plus vite possible».

Selon le ministre adjoint de la Défense Matan Vilnaï, un proche de M. Barak cité par la radio publique, le leader travailliste hésiterait toujours sur le bien-fondé d'élections anticipées au moment où le Likoud est en tête des sondages.

M. Olmert, qui avait succédé à Ariel Sharon en janvier 2006, pourrait lui être inculpé de corruption dans deux affaires qui ont précipité sa démission.