SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF) ont vivement dénoncé dimanche « la pression » exercée par le gouvernement italien sur le Panama pour qu'il retire son pavillon à l'Aquarius, navire humanitaire affrété par les deux ONG.

Les autorités maritimes panaméennes ont annoncé samedi qu'elles allaient retirer son pavillon à l'Aquarius, déjà privé de pavillon par Gibraltar pour « non-respect » des « procédures juridiques internationales » concernant le sauvetage de migrants en Méditerranée.

« Cette révocation résulte de la pression économique et politique flagrante exercée par le gouvernement italien et condamne des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants en fuite à rejoindre le cimetière marin qu'est devenue la Méditerranée », a dénoncé MSF dans un communiqué. « Elle porte un coup violent à la mission humanitaire vitale de l'Aquarius, le seul navire de recherche et de sauvetage non gouvernemental encore présent en Méditerranée centrale. »

Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini (Ligue/extrême droite), qui a fermé depuis juin les ports du pays aux migrants, a réfuté dimanche soir toute intervention de son ministère. Il n'y a eu « aucune pression du ministère de l'Intérieur sur le Panana », a-t-il déclaré à la télévision italienne.

« Il est évident qu'aucun pays au monde ne voudrait prendre être associé à un navire faisant obstacle aux opérations de secours en mer, refuse la coordination avec les gardes-côtes libyens et attaque des gouvernements démocratiques comme celui de l'Italie », a-t-il dit.

« Pour ces messieurs, les ports italiens resteront fermés », a-t-il affirmé.

« L'équipe de l'Aquarius a été choquée d'apprendre [samedi] qu'une communication officielle émanant des autorités panaméennes indiquait que le gouvernement italien les avait exhortés à prendre des "mesures immédiates" contre l'Aquarius », indique MSF dans son communiqué.

Les autorités maritimes du Panama ont expliqué que l'Aquarius devait « malheureusement être » exclu de leur registre, car maintenir ce pavillon impliquerait de sérieuses difficultés politiques pour le gouvernement panaméen et pour la flotte panaméenne travaillant dans les ports européens ».

Selon le Panama, la principale plainte émane des autorités italiennes, selon lesquelles « le capitaine du navire a refusé de renvoyer des migrants et réfugiés pris en charge vers leur lieu d'origine ».

SOS Méditerranée et MSF « dénoncent ces actions comme une preuve supplémentaire du jusqu'au-boutisme du gouvernement italien, qui choisit sciemment de laisser les gens se noyer en Méditerranée et cherche à se débarrasser des derniers témoins de ces naufrages ».

Les deux organisations humanitaires « insistent de nouveau sur le fait que l'Aquarius doit être autorisé à poursuivre sa mission de secours humanitaire », poursuit MSF.

L'Aquarius, qui avait repris ses activités de sauvetage cette semaine en Méditerranée après une escale forcée de 19 jours faute de pavillon, a secouru 11 migrants jeudi au large de la Libye. Le navire cherche désormais un port pour les débarquer, après avoir refusé de les ramener en Libye.

Une première fois, en juin, le navire avait été contraint d'aller jusqu'à Valence, en Espagne, pour permettre à 237 migrants de mettre pied à terre. Puis, en août, c'est à Malte qu'il avait pu débarquer ses 141 passagers, après un accord de répartition entre plusieurs pays européens.