Steve Bannon, l'ancien conseiller de Donald Trump, a fait une nouvelle fois étape samedi en Italie, terreau fertile pour ses idées ultraconservatrices, qu'il souhaite faire gagner aux prochaines élections européennes en apportant son aide aux partis nationalistes du Vieux continent.

Proche de l'extrême droite américaine, Steve Bannon mène depuis plusieurs mois une campagne anti-Union européenne que l'a conduit dans plusieurs capitales, où il a systématiquement fustigé les élites, la bureaucratie et les médias traditionnels.

« Si je suis venu ici aujourd'hui, c'est pour vous dire que tout est inextricablement lié. Le Brexit, Trump, les élections de mars 2018 en Italie font partie d'un tout », a déclaré Steve Bannon samedi soir à Rome.

Il était l'invité d'honneur de la kermesse annuelle du petit parti souverainiste « Fratelli d'Italia », deux semaines après avoir rencontré Matteo Salvini, le patron de la Ligue (extrême droite), l'homme fort du gouvernement italien.

« La première chose est un rejet total de ce que les élites ont imposé à la civilisation occidentale. C'est pourquoi l'Italie est aujourd'hui le centre de l'univers politique », a-t-il lancé.

L'ambition de l'ex-stratège de Donald Trump est d'engendrer une révolte populiste de droite à travers le continent grâce aux élections du Parlement européen en mai 2019.

Pour cela, il a annoncé cet été le lancement d'une fondation, baptisée « Le Mouvement », destinée à organiser les différentes formations de droite radicale et favoriser l'élection d'un groupe d'eurodéputés suffisamment fort pour bloquer l'action des forces traditionnelles.

« Avec "Le Mouvement", et mes partenaires en Belgique (où sera installé son QG), nous allons construire un groupe et lorsque le président Trump aura battu le parti démocrate aux élections (de mi-mandat) en novembre, je passerai 80 % de mon temps en Europe en vue des élections européennes », a-t-il annoncé.

« Et si vous jugez que je peux vous faire gagner, alors je vous proposerai des sondages, des données analytiques... On installera des centres de crise, tout ce qui est nécessaire pour gagner des élections », a-t-il assuré.

Au cours de sa tournée européenne, Steve Bannon a noué des contacts avec les principaux leaders nationalistes : Marine Le Pen en France, le protagoniste du Brexit Nigel Farage au Royaume-Uni, le premier ministre Hongrois Viktor Orban ou M. Salvini.

Samedi soir, l'ancien patron du site d'informations ultraconservateur Breitbart, qui faisait sa première grande intervention publique en Italie, a aussi prédit une nouvelle crise financière.

« Elle fera paraître celle de 2008 comme un pique-nique dominical. Ce sera une crise de la dette, une crise monétaire », a-t-il assuré.

Athènes et Rome

Il a aussi rejeté la crise financière sur ce qu'il appelle « le parti de Davos », le parti de la finance. « Elle est le résultat de son incompétence. Et l'économie italienne, après cette crise, ne s'est jamais reprise ».

« Si vous êtes un travailleur de la classe moyenne, les dix dernières années ont été les pires que l'on puisse imaginer », a-t-il dit.

« Et savez-vous combien de PDG, de banquiers, de politiciens sont allés en prison pour cela ? Aucun », a-t-il lancé devant un auditoire tout acquis à sa cause.

M. Bannon a aussi insisté sur la crise démographique qui touche particulièrement l'Italie, où la moyenne d'âge est l'une des plus élevée du monde.

« Les jeunes d'aujourd'hui (...) comprennent qu'ils ne peuvent pas programmer leur avenir », a-t-il avancé, ajoutant : « Pourquoi ne peut-on pas parler de démographie, du fait que les jeunes essaient de fonder une famille, de trouver un emploi sans être taxé de raciste, de xénophobe ?».

Issu d'une famille catholique irlandaise, Steve Bannon a aussi profité de son séjour romain pour se rapprocher de l'institut catholique Dignitatis Humanae, un centre d'études dirigé par le cardinal américain Leo Burke, l'un des principaux contradicteurs conservateurs du pape François.

« Notre culture et notre civilisation nous ont été transmises depuis Athènes, Jérusalem et Rome à travers les siècles. Cela repose sur vos épaules », a-t-il conclu.