Le président ukrainien Petro Porochenko a attaqué en justice la BBC pour diffamation pour un article affirmant que Kiev avait payé pour une rencontre avec Donald Trump, selon la plainte consultée vendredi par l'AFP.

Dans un article paru en mai dernier sur son site, cité ensuite au cours d'une émission télévisée du groupe audiovisuel public britannique, la BBC assure que l'ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, a reçu entre 400 000 et 600 000 dollars de la part d'intermédiaires ukrainiens pour appuyer la première rencontre, en juin 2017, entre Petro Porochenko et le président américain à la Maison-Blanche.

Selon l'article de la BBC, qui s'appuie sur des sources anonymes ukrainiennes, l'objectif de ce financement était de renforcer l'influence de Kiev à Washington en faisant ressembler cette rencontre non pas à un « bref entretien », mais à de « véritables pourparlers ».

Dans sa plainte déposée auprès de la justice britannique début septembre, la défense de M. Porochenko dénonce une « allégation [...] extrêmement sérieuse et dommageable, non seulement pour ses fonctions de président de l'Ukraine, mais également pour sa réputation d'homme politique et d'homme d'affaires ».

Elle exige, entre autres, que la BBC démente ces accusations et verse des dommages et intérêts pour diffamation.

Contacté par l'AFP, un porte-parole de la BBC a refusé de commenter l'affaire.

Selon la BBC, la présidence ukrainienne avait été prise de court par l'élection surprise de Donald Trump, considéré comme prorusse alors que l'Ukraine est en proie depuis 2014 à un conflit armé contre des séparatistes que Kiev et les Occidentaux accusent d'être soutenus par la Russie, ce que Moscou dément.

Des rumeurs laissaient penser à l'époque que M. Trump ne souhaitait pas rencontrer son homologue ukrainien.

Finalement, en parallèle avec la rencontre de juin 2017, le gouvernement américain avait annoncé le renforcement des sanctions contre la Russie pour son soutien aux rebelles séparatistes en Ukraine.

L'Ukraine s'est récemment attiré des critiques occidentales lorsqu'un tribunal a autorisé le parquet à accéder aux relevés téléphoniques d'une journaliste du média américain Radio Free Europe/Radio Liberty.

Jeudi, M. Porochenko a par ailleurs apporté son soutien à une loi dénoncée par des organisations de défense des droits de l'Homme créant un statut d'« agent d'influence » sous lequel devraient s'enregistrer les médias considérés comme prorusses.

Élu en mai 2014 après le soulèvement pro-occidental du Maïdan, Petro Porochenko devrait briguer en 2019 un nouveau mandat malgré une faible popularité et des critiques sur ses réticences dans la mise en place de mesures de lutte contre la corruption en Ukraine.