La cheffe de l'extrême droite française Marine Le Pen s'est insurgée jeudi contre la décision d'un juge de lui imposer un examen psychiatrique - comme le prévoit la loi - pour avoir diffusé en décembre 2015 des photos d'exactions du groupe djihadiste État islamique sur Twitter.

«C'est proprement hallucinant. Ce régime commence vraiment à faire peur», a écrit sur son compte Twitter la présidente du Rassemblement national (RN, ex FN), en publiant l'ordonnance de cet examen.

L'ordonnance est datée du 11 septembre et émane de la juge qui instruit l'enquête dans laquelle Mme Le Pen est inculpée pour «diffusion d'images violentes». Elle demande de procéder à un examen psychiatrique de Marine Le Pen «dans les délais les plus brefs».

«Je croyais avoir eu droit à tout: eh bien non! Pour avoir dénoncé les horreurs de Daech par tweets, la «justice» me soumet à une expertise psychiatrique! Jusqu'où vont-ils aller?!», a aussi tweeté la finaliste de la présidentielle en 2017.

«Dans les régimes totalitaires c'est une des méthodes qui est utilisée contre les opposants. Les faire passer pour des fous», a-t-elle dénoncé.

Une des figures les plus fameuse de la droite populiste européenne, le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini, a exprimé son soutien à Mme Le Pen: «Une juge d'instruction ordonne un examen psychiatrique de Marine Le Pen. Je n'ai pas de mots! Solidaire avec elle et avec les Français qui aiment la liberté!»

Depuis les États-Unis, Steve Bannon, ancien conseiller du président Donald Trump, s'est indigné dans un communiqué contre «la psychiatrisation de l'opposition politique», selon lui «une tactique habituelle en URSS, reflétant davantage la folie du régime que celle de sa cible».

Cet examen vise, notamment, à vérifier «si elle est en mesure de comprendre les propos et de répondre aux questions» et si «l'infraction reprochée au sujet est en relation avec des éléments factuels ou biographiques de l'intéressée».

La procédure pénale impose, pour l'infraction pour laquelle Mme Le Pen est inculpée, une expertise médicale, selon le parquet de Nanterre, près de Paris, où est instruite l'enquête.

Dans les couloirs de l'Assemblée nationale, la députée a affirmé qu'elle ne se rendrait pas à cette expertise. Elle a le droit de la refuser, ce qui sera constaté dans la procédure.

Ses partisans sur Twitter qualifiaient cette mesure de dictatoriale. «La psychiatrisation des adversaires était une spécialité soviétique et des régimes totalitaires», a tweeté son compagnon et dirigeant RN Louis Aliot.

Le chef de la France insoumise (extrême gauche) Jean-Luc Mélenchon a exprimé sur Twitter son «désaccord total avec la psychiatrisation de la décision politique». «Madame Le Pen est politiquement responsable de ses actes politiques», selon lui.

Marine Le Pen avait tweeté le 16 décembre 2015 des photos d'exactions du groupe EI, en réponse au journaliste Jean-Jacques Bourdin qu'elle accusait d'avoir «fait un parallèle» entre l'EI et le FN.

Évoquant un «dérapage inacceptable» et des «propos immondes», elle avait publié trois photos mentionnant l'animateur de BFMTV-RMC avec le texte «Daech c'est ça!».

Les photos montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d'un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journaliste américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos.

Un mois après les attentats parisiens qui ont fait 130 morts, les pires jamais commis en France, ces publications avaient immédiatement soulevé un tollé au sein de la classe politique mais aussi au-delà.

Le parquet de Nanterre avait lancé le jour même une enquête pour «diffusion d'images violentes» après un signalement des clichés par le ministre de l'Intérieur d'alors.