Les Roumains seront appelés à se prononcer les 6 et 7 octobre sur une initiative visant à inscrire dans la Constitution l'interdiction des mariages homosexuels, a annoncé mardi le gouvernement, en dépit de la mobilisation contre cette consultation qui risque, selon ses détracteurs, d'encourager l'homophobie.

«Ce référendum n'est pas dirigé contre des minorités sexuelles», a assuré la première ministre Viorica Dancila lors d'une réunion de l'exécutif social-démocrate.

Devant le risque d'un taux de participation insuffisant, la majorité de gauche a décidé de modifier la loi pour que cette consultation s'étale sur deux jours.

Mme Dancila a critiqué les appels au boycottage lancés par une partie de l'opposition de centre droit et par plusieurs ONG, qui pourraient faire échouer le référendum.

Dans ce pays majoritairement orthodoxe et très conservateur, le «oui» à l'interdiction a de fortes chances de l'emporter. Mais pour être valide, le référendum doit recueillir une participation de 30% des 18,9 millions de Roumains.

Cette consultation fait suite à une «initiative citoyenne» émanant de plusieurs ONG proches de la puissante Église orthodoxe qui assurent avoir recueilli trois millions de signatures à l'appui de leur démarche.

Selon les analystes, un échec serait un revers sérieux pour les sociaux-démocrates qui se sont investis à fond dans ce projet, alors qu'ils sont en baisse dans les sondages en raison d'une réforme controversée de la justice critiquée par Bruxelles.

Les partisans du projet veulent faire inscrire dans la loi fondamentale que le mariage représente «l'union entre un homme et une femme» et non pas «entre époux», comme le prévoit actuellement la Constitution.

La législation roumaine ne permet pas les mariages gais, et selon les adversaires de cette initiative, une interdiction explicite dans la Constitution rendrait difficile, voire impossible, tout changement, à terme, de la loi en faveur des couples homosexuels.

Plusieurs associations de défense des droits de l'Homme, dont Amnesty International, ont critiqué la tenue de cette consultation, qui risque  d'«entraîner des restrictions supplémentaires dans la vie quotidienne des couples homosexuels et d'encourager la discrimination» dont ces derniers sont déjà victimes.