Une enquête pour viol été ouverte à Genève à l'encontre de l'intellectuel musulman suisse Tariq Ramadan, détenu en France depuis février pour d'autres accusations de viol, selon le quotidien La Tribune de Genève citant dimanche un porte-parole du parquet.

Le parquet a décidé d'ouvrir une enquête criminelle formelle à la suite de la plainte d'une femme accusant Tariq Ramadan de l'avoir violée dans un hôtel de Genève en 2008, a déclaré le porte-parole du ministère public Henri Della Casa, cité par le journal.

L'accusatrice a déposé sa plainte en avril.

«Les procureurs et la police de Genève ont travaillé rapidement et bien», s'est félicité Romain Jordan, l'avocat de l'accusatrice.

La décision d'ouvrir une enquête criminelle constitue «une avancée majeure» qui «démontre le sérieux des allégations formulées par notre cliente», a-t-il ajouté.

«Cette décision n'est pas surprenante, il faut que le parquet genevois puisse mettre en place le cadre juridique pour pouvoir recueillir les observations de l'intéressé», a déclaré l'avocat de Tariq Ramadan en France, Me Emmanuel Marsigny.

L'islamologue n'a pas encore été interrogé par les procureurs suisses dans le cadre de cette nouvelle affaire.

Selon Me Jordan, les enquêteurs suisses vont se rendre en France pour entendre la version de M. Ramadan.

Ce théologien de 56 ans, figure populaire et controversée de l'islam francophone, a été mis en examen en France le 2 février après des accusations de viol de deux plaignantes, qu'il conteste.

Le théologien n'a pas été en revanche ni interrogé ni mis en examen à la suite d'accusations de viol formulées par une troisième plaignante. Cette femme l'a accusé de l'avoir violée neuf fois, en France, à Londres et à Bruxelles, de 2013 à 2014.

Mardi, M. Ramadan doit être de nouveau confronté à la deuxième plaignante, «Christelle», tandis que sa défense compte déposer une nouvelle demande de mise en liberté sous contrôle judiciaire.

«On s'interroge sérieusement sur le calendrier de cette procédure» en Suisse, a fait valoir Me Marsigny, dont le client «sait parfaitement qui a déposé cette plainte et connaît ses liens avec les autres plaignantes».