Une femme de 34 ans est jugée à Paris jusqu'à jeudi pour la mort de son bébé, Raphaël, né d'un père homosexuel par une « insémination artificielle artisanale » et « lâché » dix mois plus tard du 7e étage d'un immeuble parisien, en août 2015.

Myriam D., maigre, visiblement affaiblie et anxieuse face à la cour d'assises qui a commencé mardi à la juger pour « meurtre », affirme d'emblée « aimer toujours son fils » et demande pardon au père de Raphaël, Guillaume F., avec lequel elle avait passé « un accord » pour avoir un enfant sans relation sexuelle. C'était « un petit enfant magnifique ».

Trois jours avant la mort de Raphaël, Guillaume F. avait annoncé à sa mère vouloir mettre un terme à leur vie commune.

Cette femme « dégoûtée » par le sexe et Guillaume F. s'étaient rencontrés via un site internet mettant en relation des personnes souhaitant avoir un enfant. Ils se sont mis d'accord pour devenir parents par une « insémination artificielle artisanale », à l'aide d'une pipette, a-t-elle précisé.

Myriam D. avait déjà eu un enfant avec ce procédé, né quelques mois avant qu'elle ne soit enceinte de Raphaël, également d'un père homosexuel. Cet enfant est trisomique. « Je voulais un autre bébé, en bonne santé cette fois », a-t-elle expliqué à la cour.

« Je voulais que mes enfants aient un papa, sinon j'aurais pris un donneur », a-t-elle aussi dit.

L'accusée affirme avoir eu une seule relation amoureuse, à 21 ans, sans relation sexuelle. À la présidente qui lui demande si elle a déjà eu des relations sexuelles, elle lâche : « Oui, avec mon père adoptif », qu'elle accuse de viols et de violences.

Myriam D. « a une phobie du toucher », a expliqué une psychologue.

Elle a un suivi psychiatrique en prison et a été hospitalisée deux fois en unité de soin pour malades psychiatriques.

Myriam D., qui s'est droguée à l'adolescence et a fait plusieurs tentatives de suicide, est décrite comme « impulsive », « très fragile », « dépressive » par des experts. « Son traumatisme de base est d'avoir été adoptée, abandonnée par ses parents », selon la psychologue venue témoigner.

Sa relation avec Guillaume F. s'est détériorée dès la grossesse. Myriam D. a affirmé avoir souhaité avorter, mais les délais étaient dépassés. Elle aurait pensé à abandonner l'enfant à sa naissance, mais y a renoncé après l'accouchement.