La Géorgie a marqué mercredi le dixième anniversaire de la «guerre éclair» avec la Russie suivie de la reconnaissance par Moscou de l'indépendance de deux territoires séparatistes, dénoncée par les Occidentaux comme une «occupation».

Les drapeaux géorgiens aux cinq croix rouges sur fond blanc ont été mis en berne devant les bâtiments gouvernementaux alors que le petit pays du Caucase du Sud rendait hommage aux victimes de cette guerre qui a fait plus de 800 morts, 1700 blessés et 120 000 déplacés.

Après avoir déposé une gerbe de fleurs en hommage aux soldats géorgiens morts au combat, le président géorgien Guiorgui Margvelachvili s'est adressé aux troupes de la base militaire de Senaki, reconstruite après avoir été détruite et pillée par les forces russes. Il a qualifié mardi les événements de 2008 d'«agression» et d'«occupation» russe.

«Seule une personne stupide, déloyale ou lâche peut penser que notre pays ne sera pas réunifié», a-t-il lancé.

Moscou et Tbilissi s'opposent de longue date sur les ambitions de la petite ex-république soviétique du Caucase de rejoindre l'Union européenne et l'OTAN, une éventualité considérée par la Russie comme un empiétement dangereux sur sa zone d'influence.

À l'été 2008, ces tensions se sont transformées en conflit lorsque l'armée russe est intervenue sur le territoire géorgien pour voler au secours de la petite Ossétie du Sud, territoire séparatiste pro-russe en Géorgie où Tbilissi avait lancé une opération militaire meurtrière.

En cinq jours, les forces de Moscou ont mis l'armée géorgienne en déroute et menacé de prendre la capitale.

Un accord de paix négocié par le président français Nicolas Sarkozy a abouti à l'époque au retrait des troupes russes, mais Moscou a reconnu l'indépendance des régions séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie et y maintient depuis une forte présence militaire.

L'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, qui représentent environ 20% de la totalité du territoire géorgien, avaient déclaré leur indépendance et l'avaient défendue pendant une première guerre contre les forces de Tbilissi après la dislocation de l'URSS au début des années 1990.

Soutien de Washington

Dans un entretien mardi au journal russe Kommersant, le premier ministre russe Dmitri Medvedev, qui était président à l'été 2008, a déclaré que la reconnaissance par Moscou de ces territoires était «la seule mesure possible» pour «préserver une paix durable et la stabilité dans le Caucase du Sud».

Mais les pays occidentaux ont dénoncé ce qu'ils qualifient, comme Tbilissi, d'«occupation» russe de l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie.

Lors d'un appel téléphonique avec M. Margvelachvili mercredi, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a rappelé que «les États-Unis n'accepteront jamais l'occupation des territoires géorgiens», selon un communiqué de la présidence géorgienne.

Washington a également confirmé «son profond soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de la Géorgie», promettant de l'aider «face aux défis que connaît le pays dix ans après l'agression militaire russe.»

Mardi, la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a ainsi regretté «la présence militaire russe en Abkhazie et Ossétie du Sud», qualifiée de «violation du droit international», de pair avec la diplomatie française qui a jugé lundi «inacceptable» la militarisation par Moscou de ces deux territoires.

Le ministre polonais des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz avait dénoncé lundi «la première agression militaire, dans l'histoire européenne de l'après-guerre, d'un pays contre un État souverain».

La Russie «n'a pas exécuté ses obligations internationales malgré les appels constants de la communauté internationale [...] et elle a renforcé sa présence militaire illégale sur le terrain», a dénoncé le ministère géorgien des Affaires étrangères.

Dans un texte publié lundi sur le site de la radio russe Echo de Moscou, le président géorgien de l'époque Mikheïl Saakachvili a accusé la Russie d'avoir préparé dès 2006 un assaut contre la Géorgie et d'avoir massé des troupes à la frontière avant le conflit, multipliant les «provocations» contre les forces géorgiennes.

Cette guerre contre la Russie s'inscrit dans «une lutte bicentenaire (de la Géorgie) pour sa liberté contre l'impérialisme russe», a affirmé pour sa part M. Margvelachvili lors d'un entretien avec l'AFP la semaine dernière.