Le pape François a inscrit pour la première fois dans le catéchisme de l'Église catholique une opposition catégorique à la peine de mort et a appelé l'Église à s'engager pour l'abolir «partout dans le monde».

La version de 1992 du catéchisme de l'Église catholique - livre d'enseignement officiel qui contient les principes de la foi - tolérait encore la peine capitale dans des cas extrêmes.

Le pape argentin, très sensible au sort des détenus auxquels il rend régulièrement visite et avocat de leur réintégration dans la société, s'est toujours opposé à la peine de mort.

Pour lui, l'exécution d'un être humain «ne rend pas justice aux victimes, mais attise la vengeance».

En septembre 2015, il avait ainsi exprimé sa conviction selon laquelle il fallait «protéger et défendre la vie humaine à chaque étape de son développement», dans un discours historique devant le Congrès américain, face à des élus majoritairement d'un avis contraire.

Jean Paul II avait également saisi l'occasion d'un voyage aux États-Unis pour appeler à l'abolition de la peine capitale en 1999.

Benoît XVI avait pour sa part parlé de «la nécessité de faire tout ce qui est possible pour arriver à l'élimination de la peine capitale», mais sans aller jusqu'à demander de réécrire le catéchisme.

Le pape François avait plaidé pour cette réécriture en octobre, en reconnaissant au passage que l'Église catholique avait elle-même eu recours pendant des siècles à «cette pratique extrême et inhumaine».

L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a recensé en 2017 au moins 2591 condamnations à mort dans 53 pays et près de 1000 exécutions (en excluant la Chine qui ne communique pas sur ses milliers de sentences). Plus de deux tiers des pays dans le monde ont cependant aboli la peine de mort en droit ou en pratique.

Dignité humaine

«L'Eglise enseigne, à la lumière de l'Évangile, que «la peine de mort est une mesure inhumaine qui blesse la dignité personnelle» et elle s'engage de façon déterminée, en vue de son abolition partout dans le monde», peut-on lire dans la nouvelle version française du catéchisme.

Dans la version italienne d'origine, le texte parle en revanche de «mesure inadmissible», à l'instar de l'anglais, de l'allemand, de l'espagnol et du portugais.

Le pape avait approuvé ces modifications le 11 mai à l'occasion d'une audience avec le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Luis Ladaria.

«Pendant longtemps, le recours à la peine de mort de la part de l'autorité légitime, après un procès régulier, fut considéré comme une réponse adaptée à la gravité de certains délits et un moyen acceptable, bien qu'extrême, pour la sauvegarde du bien commun», peut-on lire dans l'introduction de la partie modifiée du catéchisme.

«Aujourd'hui, on est de plus en plus conscient que la personne ne perd pas sa dignité, même après avoir commis des crimes très graves», poursuit le texte.

«En outre, s'est répandue une nouvelle compréhension du sens de sanctions pénales de la part de l'État. On a également mis au point des systèmes de détention plus efficaces pour garantir la sécurité à laquelle les citoyens ont droit et qui n'enlèvent pas définitivement au coupable la possibilité de se repentir», ajoute encore le texte.

Dans une lettre explicative aux évêques, le gardien du dogme Mgr Ladaria retrace la prise de conscience toujours plus claire dans l'Église du «respect dû à chaque vie humaine».

La nouvelle formulation «veut pousser à un engagement décisif, notamment par un dialogue respectueux et serein avec les autorités politiques», explique le cardinal. «Elle incite à créer les conditions qui permettent d'éliminer dans le monde contemporain l'institution légale de la peine de mort, là où elle est encore en vigueur».