L'Europe « porte la responsabilité » de l'augmentation du nombre de migrants morts en Méditerranée ces derniers mois, « y compris des bébés et des enfants », estiment jeudi Médecins sans frontières et SOS Méditerranée, qui dénoncent les « blocages » des navires de sauvetage des ONG par les États européens.

« Plus de 600 personnes tentant de traverser la Méditerranée centrale se sont noyées au cours des quatre dernières semaines, y compris des bébés et des petits enfants », indiquent les deux organisations non gouvernementales dans un communiqué commun.

Au total, selon elles, ces quelque 600 morts représentent la moitié du nombre total de morts depuis le début de l'année en Méditerranée.

« Ces tragédies se sont produites car il n'y avait plus de bateaux de sauvetage d'organisations non gouvernementales actives en Méditerranée centrale », affirment ces ONG, pour qui « l'Europe porte la responsabilité de ces morts ».

En Italie, le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini a décidé il y a un mois d'interdire l'accès aux ports italiens aux organisations humanitaires qui portent secours aux migrants en Méditerranée. En juin, le sort du navire Aquarius de MSF et SOS Méditerranée, avec 630 migrants à bord, avait déchiré les Européens: refusé par l'Italie et Malte, il avait finalement accosté le 17 juin à Valence (Espagne).

« Les décisions politiques européennes prises ces dernières semaines ont eu des conséquences mortelles. Le choix de laisser les hommes, les femmes et les enfants se noyer dans la mer Méditerranée est délibéré. C'est scandaleux et inacceptable », déplore Karline Kleijer, responsable des urgences à MSF, dans ce communiqué.

Les deux ONG étrillent également la stratégie de l'Union européenne qui, lors du sommet européen des 28 et 29 juin, avait appelé à explorer une « nouvelle approche » avec la création de « plateformes de débarquements » de migrants en dehors de l'UE. Les 28 ont appelé les ONG à « ne pas entraver les opérations des garde-côtes libyens ».

« Les gouvernements européens sont pleinement conscients des niveaux alarmants de violence et d'exploitation subis par les réfugiés, les demandeurs d'asile et les migrants en Libye, mais sont déterminés à empêcher les personnes d'atteindre l'Europe à tout prix », accusent les ONG.

« Les personnes secourues dans les eaux internationales de la Méditerranée ne doivent pas être renvoyées en Libye mais doivent être conduites dans un port sûr conformément au droit international et maritime », martèlent-elles.

Sous la houlette d'une présidence autrichienne de l'UE qui défend des options radicales, les ministres de l'Intérieur des 28 sont réunis jeudi à Innsbruck (Autriche) pour plancher sur les moyens d'empêcher les arrivées de migrants sur les côtes européennes.