Les députés élus le 24 juin en Turquie prêtaient serment samedi au parlement, dominé par le parti du président Recep Tayyip Erdogan qui dépend de ses alliés ultranationalistes pour y avoir une majorité.

Lors des élections législatives qui se sont tenues, comme la présidentielle, le 24 juin, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) de M. Erdogan a obtenu 295 sièges, et son allié ultranationaliste, le Parti d'action nationaliste (MHP) 49 sièges.

En face, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a obtenu 146 sièges et son allié de la droite nationaliste Iyi («Bon») Parti, 43, tandis que le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) a obtenu 67 sièges.

Or, deux députés élus sur les listes du CHP ont démissionné du parti samedi matin, pour s'inscrire au nom du Parti de la Félicité (saadet, islamiste), qui était partie de l'alliance entre le CHP et le Bon Parti. Un député du Parti de la Grande union (BBP) qui s'était présenté sur une liste AKP a lui quitté les rangs du parti au pouvoir.

Ainsi, sept partis siègent actuellement au parlement qui compte désormais 600 députés, contre 550 auparavant, en vertu d'une révision constitutionnelle adoptée par référendum en avril 2017.

L'AKP ne bénéficie pas seul d'une majorité, et dépendra donc de son allié ultranationaliste, faisant craindre à certains observateurs un raidissement de sa ligne politique, notamment à l'égard des Kurdes.

Samedi matin, M. Erdogan a réuni les députés de sa formation pour une première réunion de groupe au parlement, durant laquelle il a affirmé que, «renforcé», il était déterminé à «poursuivre (sa) route».

Dans l'après-midi, les nouveaux députés ont commencé à défiler au pupitre, les uns après les autres sous les applaudissements de leurs collègues, pour réciter leur prestation de serment. La cérémonie se poursuivait en fin de soirée.

Parmi les nouveaux députés figure le journaliste Ahmet Sik, élu sous les couleurs du HDP, emprisonné pendant plusieurs mois et encore sous le coup d'un procès pour aide au «terrorisme» avec plusieurs de ses collègues du quotidien d'opposition Cumhuriyet.

Entrent également au parlement l'ancien défenseur international turc de football Alpay Ozalan et l'ancien pilote de moto de vitesse Kenan Sofuoglu, tous deux élus AKP.

M. Erdogan prêtera lui serment lundi, avant de présider une cérémonie marquant l'entrée en vigueur du système présidentiel qui lui confère des prérogatives largement renforcées.