La France, l'Allemagne et l'Espagne, trois poids lourds de l'Union européenne (UE), s'opposeront à toute tentative du Royaume-Uni d'accéder au marché unique européen après le Brexit sans accorder la libre circulation aux personnes, a indiqué le 26 juin le nouveau ministre espagnol des Affaires étrangères, Josep Borrell.

Le Royaume-Uni doit publier en juillet sa vision de la relation qu'il souhaite mettre en place avec l'UE après sa sortie du bloc européen, prévue le 29 mars 2019. Elle pourrait inclure un alignement réglementaire sur le marché unique européen pour les biens uniquement, selon des informations de presse.

« Il y a beaucoup de pays européens qui soutiendraient cette idée. Parce qu'ils sont opposés à la libre circulation des personnes. Mais, pas les grands, les puissants », a insisté Josep Borrell dans une interview accordée à plusieurs médias européens en marge du Conseil des Affaires générales de l'UE, à Luxembourg.

« Ils ne gagneront pas la bataille. Ils n'ont pas assez de pouvoir. L'Allemagne dira non, la France dira non, l'Espagne dira non », a-t-il dit, cité notamment par le quotidien britannique The Guardian.

Josep Borrell, un ancien président du Parlement européen, a indiqué que Paris et Berlin étaient « assez fâchés » contre le Royaume-Uni à cause du Brexit. « À cause de tout ce bazar, de tous ces problèmes créés, de tout ce temps perdu en négociations. Quand nous devrions discuter zone euro et immigration, nous discutons de ce que nous devons faire avec quelqu'un qui veut partir », a-t-il déploré.

Selon lui, « le Brexit n'est pas un problème politique, mais quelque chose de casse-pieds ».

Ces commentaires sont susceptibles d'accroître la pression sur la première ministre britannique, Theresa May, à l'avant-veille d'un sommet de l'UE consacré notamment au Brexit.

Theresa May répète qu'elle veut quitter l'union douanière et le marché unique pour pouvoir négocier librement ses propres partenariats commerciaux, en particulier avec les États-Unis et les pays du Commonwealth.

Le 26 juin, elle a salué la promulgation de la loi britannique sur le retrait de l'UE, y voyant « un pas important vers la réalisation de la volonté du peuple britannique » de quitter l'UE.

La cheffe de l'exécutif est toutefois confrontée au mécontentement de plusieurs fleurons industriels européens, comme Airbus, qui menacent de quitter le Royaume-Uni face à des discussions sur un futur accord commercial qui patinent et au risque de n'aboutir à aucun accord du tout.