La justice française a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête pour discrimination après des propos envers les homosexuels tenus par une fonctionnaire du service responsable des adoptions en Normandie, dans le nord-ouest du pays.

« Une enquête a été ouverte mercredi pour discrimination à la suite de la plainte déposée » le 19 juin par l'Association des familles homoparentales (ADFH), a précisé le procureur de la République de Rouen Pascal Prache, interrogé par un correspondant de l'Agence France-Presse. Selon l'ADFH, la plainte vise la responsable.

La fonctionnaire, qui a été relevée mercredi de ses fonctions à titre conservatoire, avait estimé dans un entretien avec une radio locale que les couples homosexuels étaient « un peu atypiques », qu'ils correspondaient moins aux critères requis pour l'adoption d'un bébé en bonne santé qu'un couple hétérosexuel et qu'ils pouvaient adopter des enfants « atypiques », comme des enfants « handicapés ».

Jeudi matin quelques dizaines de personnes ont manifesté devant le conseil départemental, qui est responsable du service d'adoptions, à l'appel de plusieurs « associations de lutte contre les discriminations et contre l'homophobie », dont LGBT Normandie.

La plupart des manifestants arboraient des pancartes « Elle est atypique », « Ils sont atypiques! » ou « Vous êtes atypiques! »

Le président du conseil départemental de Seine-Maritime, Pascal Martin, a dit avoir ressenti de la « sidération » lorsqu'il a pris connaissance des propos de la responsable du service, qu'il avait déjà auparavant « très fermement condamnés ».

Les déclarations de la fonctionnaire avaient déjà provoqué de nombreuses réactions et été condamnées par le ministre de l'Action et des Comptes publics, Olivier Dussopt.

Ailleurs en France, une enquête visant le président du Conseil de famille de Meurthe-et-Moselle a été ouverte en mai, a-t-on appris le 21 juin auprès du parquet de Nancy après une plainte pour « discrimination » déposée là aussi par l'ADFH.

Selon la radio France Bleu, qui a révélé l'affaire, l'ADFH s'est appuyée sur des propos tenus à l'AFP le 19 avril par le président du Conseil de famille.

« On n'a rien contre les couples de même sexe, mais tant qu'on aura des couples jeunes, stables, avec un père et une mère, on les privilégie », avait répondu Jean-Marie Müller, interrogé sur l'accès des couples homosexuels à l'adoption.

Les couples de même sexe peuvent se marier et adopter depuis 2013 en France. Avant son entrée en vigueur, la loi avait fait l'objet de débats houleux et de plusieurs grandes manifestations d'opposants au « mariage pour tous ».

L'adoption reste aujourd'hui un parcours du combattant pour de nombreux couples homosexuels, selon les associations, sachant qu'aucune statistique officielle n'existe sur le nombre précis de cas.