La diffusion d'une « fake news » vendredi en Allemagne annonçant la fin de la coalition gouvernementale d'Angela Merkel, qui fait face à une crise gouvernementale, a semé un début de panique.

L'indice de la Bourse de Francfort, le Dax, a provisoirement décroché d'un demi-point de pourcentage et le taux de change de l'euro sur le marché des changes a accusé le coup.

Plusieurs médias importants ont repris un tweet semblant provenir d'un compte de la chaîne publique allemande ARD et annonçant l'éclatement de la famille politique conservatrice de la chancelière, constituée de son parti démocrate-chrétien (CDU) et d'un parti allié bavarois (CSU).

Une telle scission serait synonyme de fin de parcours pour l'actuel gouvernement de coalition difficilement mis sur pied en mars par Angela Merkel aux côtés des sociaux-démocrates, et qui se déchire depuis plusieurs jours sur la politique migratoire.

Le tweet mentionnait aussi une conférence de presse imminente sur le sujet.

Rapidement partagé sur les réseaux sociaux et sur les sites de plusieurs médias de renom, à l'instar de Bild, journal populaire le plus lu d'Allemagne ou de la chaîne d'information en continu n-tv, l'« information » s'est avérée être un canular d'un célèbre magazine satirique, Titanic.

Un journaliste de ce journal avait en fait « déguisé » son compte Twitter certifié existant en un compte ressemblant à celui de la chaîne locale d'ARD dans l'État régional de Hesse, Hessischer Rundfunk.

Le porte-parole d'Angela Merkel, qui se trouvait à une conférence de presse sur un autre sujet, a démenti l'information à cette occasion. « Plusieurs indices laissent penser que cette source d'information normalement fiable sur Twitter n'en est pas une et renvoie vers un rédacteur du journal Titanic, Moritz Hürtgen », a expliqué Steffen Seibert.

Titanic a déjà à plusieurs reprises par le passé réussi à duper certains médias en diffusant de fausses informations.

Les deux partis CDU et CSU sont en conflit au sujet de la politique d'immigration. Le parti bavarois tente de contraindre Angela Merkel à un net durcissement sous la forme du refoulement des migrants arrivant à la frontière allemande et déjà enregistrés dans un autre pays européen.

La chancelière se refuse à une telle mesure, qu'elle qualifie d'« unilatérale », et plaide pour des négociations au niveau européen. Le ministre de l'Intérieur, membre du parti CSU entré en rébellion, a menacé à partir de la semaine prochaine d'ordonner de son propre chef une telle mesure de refoulement, passant outre les consignes d'Angela Merkel.