Osama Krayem, suspect clé de la cellule djihadiste des attentats de Paris en 2015 et de Bruxelles un an plus tard, a été brièvement remis à la France par la Belgique lundi pour être inculpé pour les attaques du 13 novembre 2015, où son rôle reste à éclaircir.

Né en Suède de parents réfugiés syriens, Osama Krayem, 25 ans, fait figure de personnage central pour retracer le parcours de la cellule franco-belge qui a frappé Paris et sa banlieue le 13 novembre 2015 (130 morts) avant de répliquer à Bruxelles le 22 mars 2016 (32 morts).

Détenu en Belgique depuis son arrestation le 8 avril 2016, après qu'il a renoncé à se faire exploser dans le métro bruxellois, Osama Krayem a été transféré lundi le temps d'une journée pour être entendu par des juges antiterroristes français.

Les magistrats l'ont mis en examen (inculpé), notamment pour «complicités» d'assassinats, de tentatives d'assassinats et de séquestration «en relation avec une entreprise terroriste», pour son rôle dans les attentats en France, a annoncé une source judiciaire.

Comme d'autres membres de la cellule djihadiste, Krayem avait rejoint la Syrie à partir de 2014 avant de regagner l'Europe en profitant des routes ouvertes pour les migrants.

Il avait été pris en charge dans la nuit du 2 au 3 octobre 2015 en Allemagne par Salah Abdeslam, dernier membre encore en vie des commandos parisiens, en compagnie de deux autres protagonistes de la cellule: Sofiane Ayari, incarcéré en Belgique et lui aussi réclamé par les juges français, ainsi qu'Ahmad Alkhald, soupçonné d'être le principal artificier et toujours recherché.

L'audition d'Osama Krayem, huitième suspect remis par les autorités belges dans ce dossier, était très attendue alors que des questions demeurent sur le rôle qu'il a joué dans la préparation des attaques du 13 novembre.

S'il s'est plusieurs fois exprimé devant les enquêteurs belges sur le rôle des différents membres de la cellule, incriminant notamment Salah Abdeslam, Osama Krayem leur a dit tout ignorer des attaques parisiennes et démenti avoir joué un rôle dans la fabrication des d'explosifs.

L'aéroport d'Amsterdam ciblé ?

Concernant les attaques de Bruxelles, Krayem est soupçonné d'avoir acheté les sacs pour transporter l'explosif TATP utilisé par les trois kamikazes de l'aéroport de Zaventem et du métro.

La vidéosurveillance l'avait filmé avec le kamikaze de la station Maelbeek, Khalid El Bakraoui, quelques minutes avant l'attentat. Osama Krayem avait, lui, renoncé, expliquant s'être débarrassé des explosifs dans les toilettes d'une planque.

Son ADN a été retrouvé dans plusieurs caches belges ayant hébergé les commandos de Paris, notamment dans la planque bruxelloise ayant servi d'atelier pour fabriquer leurs ceintures explosives puis de lieu de repli d'Abdeslam durant sa cavale.

Les enquêteurs l'ont en outre longuement interrogé sur son mystérieux aller-retour en car de Bruxelles à Amsterdam, le 13 novembre 2015, en compagnie de Sofiane Ayari, quelques heures avant les tueries parisiennes.

Après avoir refusé de s'exprimer, il a finalement raconté à l'automne 2016 avoir été envoyé à l'aéroport Schiphol d'Amsterdam pour repérer «des consignes d'un volume assez important afin qu'il y soit entreposé des armes, des explosifs ou de l'argent», selon une source proche du dossier.

Ces déclarations font écho à une découverte majeure au lendemain des attentats bruxellois: dans un ordinateur des djihadistes, les enquêteurs ont retrouvé un dossier «13 novembre» et plusieurs sous-fichiers aux noms de cinq groupes suggérant autant de cibles, tels le groupe «français» - probable allusion aux assaillants du Bataclan -, le groupe «metro» et le «groupe Schiphol». Mais aucun attentat n'a eu lieu dans cet aéroport.

«C'est possible que suite à l'arrestation de Salah Abdeslam, "Schiphol" est devenu Zaventem et le métro est resté le métro», a déclaré Krayem lors d'un ancien interrogatoire.

Au total, une quinzaine de suspects sont inculpés ou visés par un mandat d'arrêt dans l'enquête française.