La Russie utilise la désinformation, les cyberattaques et des méthodes plus traditionnelles d'espionnage pour tenter activement de miner la démocratie européenne, ont prévenu lundi les patrons de grandes agences du renseignement.

Les chefs des agences allemandes et britanniques du renseignement intérieur, ainsi que des responsables de la sécurité de l'OTAN et de l'Union européenne, ont clairement identifié Moscou comme étant la source de ces menaces hybrides. Ils ont notamment évoqué des tentatives de manipulation des élections, le vol de données secrètes et des efforts pour provoquer un coup d'État au Monténégro.

Évoquant l'attaque à l'agent neurotoxique contre l'ancien espion russe Sergueï Skripal, le patron du MI5 britannique, Andrew Parker, a rappelé que Moscou a rapidement tenté de se disculper après l'incident du 4 mars. Une trentaine de théories alternatives auraient alors été propagées par des responsables russes et la presse du pays.

M. Parker a dit que les gouvernements occidentaux sont plus convaincus que jamais que l'attaque a été orchestrée par la Russie.

Son homologue allemand, Hans-Georg Maassen, a déclaré que son agence, la BfV, croit que les Russes sont à l'origine d'une multitude de cyberattaques qui avaient pour objectif le vol d'informations confidentielles.

M. Maassen a dit que les responsables s'inquiètent particulièrement d'un éventuel financement des groupes extrémistes qui cherchent à diviser la société européenne.

Le commissaire européen à la sécurité, sir Julian King, a expliqué que les réseaux sociaux ont «suralimenté» la capacité des États à diffuser de la désinformation. Il a mis en garde contre la menace que poseront bientôt de «faux vidéos» sophistiqués impossibles à distinguer des images véritables, les décrivant comme un exemple d'une «arme mortelle de désinformation massive».

Le secrétaire adjoint de l'OTAN pour le renseignement et la sécurité, Arndt Freytag von Loringhoven, a quant à lui estimé que le prix à payer pour ces attaques hybrides doit être plus élevé. Il a rappelé que 150 espions ont été expulsés par le Roayume-Uni et ses alliés après l'attaque contre M. Skripal.