Vladimir Poutine a prêté serment lundi pour un quatrième mandat à la présidence de la Russie qui le mènera au pouvoir jusqu'en 2024, après déjà 18 années aux commandes du pays en tant que chef de l'État ou du gouvernement.

Peu après la cérémonie, M. Poutine a une nouvelle fois proposé au poste de premier ministre Dmitri Medvedev, dont la candidature devrait sans surprise être acceptée mardi par la Douma, la chambre basse du Parlement.

Président de 2008 à 2012, mais impopulaire et marginalisé au cours du mandat précédent de Vladimir Poutine, M. Medvedev n'a jamais été désavoué par son mentor auquel il voue une loyauté inflexible.

«Je considère comme mon devoir et le sens de ma vie de faire tout mon possible pour la Russie, pour son présent et pour son avenir», a déclaré Vladimir Poutine après avoir prêté serment, la main sur la Constitution, lors d'une cérémonie solennelle au Grand palais du Kremlin, en présence des présidents des deux chambres du Parlement et celui de la Cour constitutionnelle.

Réélu en mars avec 76,7 % des voix, le score le plus élevé depuis son arrivée au pouvoir, M. Poutine s'est imposé plus que jamais comme l'homme fort d'une Russie qu'il a replacée au premier rang sur la scène internationale, au prix de tensions croissantes avec les Occidentaux.

«Je ferai tout pour augmenter la puissance, la prospérité et la gloire de la Russie», a assuré le président devant les députés, les sénateurs et de nombreuses personnalités du monde culturel russe réunis au Kremlin.

Quelques heures après l'investiture, Vladimir Poutine a publié un décret dans lequel il annonce ses objectifs pour son nouveau mandat, notamment réduire le taux de pauvreté et amener l'espérance de vie à 78 ans en 2024, contre un peu plus de 72 ans aujourd'hui.

Le président américain Donald Trump a été l'un des premiers dirigeants occidentaux à féliciter M. Poutine pour son investiture, disant avoir «hâte de parvenir à un moment où (les États-Unis) pourront avoir une bonne relation avec la Russie», selon sa porte-parole.

«Nouvelle qualité de vie»

Si Vladimir Poutine a fait des déclarations martiales pendant sa campagne électorale et vanté les missiles nucléaires «invincibles» de la Russie, il a assuré après sa réélection vouloir réduire les dépenses militaires en 2018 et 2019 et réfuté toute «course aux armements».

«Une nouvelle qualité de vie, la prospérité, la sécurité, la santé des gens (...) c'est ce qui est au centre de notre politique», a affirmé lundi M. Poutine.

Son mandat précédent a été marqué par une crise inédite entre la Russie et les Occidentaux, provoquée notamment par le conflit ukrainien, à l'origine de lourdes sanctions visant Moscou, la guerre en Syrie et les accusations d'ingérence russe dans l'élection de Donald Trump en 2016.

La confrontation s'est encore accentuée depuis que Londres a accusé Moscou d'avoir empoisonné un ex-agent double russe au Royaume-Uni, ce qui a provoqué une avalanche d'expulsions croisées de diplomates à travers le monde. Vladimir Poutine a qualifié ces accusations de «grand n'importe quoi».

Le scrutin que M. Poutine a remporté, arrivant très loin devant ses adversaires, avait été qualifié de «transparent au maximum» par la Commission électorale. L'opposition et des ONG russes avaient de leur côté fait état de milliers d'irrégularités.

«Pas d'autre candidat»

La cérémonie d'investiture a été précédée par une série de manifestations anti-Poutine organisées samedi dans toute la Russie à l'appel du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, qui ont débouché sur quelque 1600 arrestations dont celle de M. Navalny.

Déclaré inéligible en raison d'une condamnation pénale qu'il estime orchestrée par le Kremlin, Alexeï Navalny n'avait pas pu se présenter à l'élection présidentielle. Sur Twitter, l'opposant a déclaré après la nomination de M. Medvedev que «presque tout va dépendre de lui: du prix des transports à votre salaire».

Alexeï Navalny avait publié l'an passé une vidéo vue 25 millions de fois sur YouTube, dans laquelle il accusait Dmitri Medvedev de se trouver à la tête d'un empire immobilier financé par les oligarques du pays.

Vladimir Poutine devrait désormais rester à la tête de la Russie jusqu'en 2024, année où il fêtera ses 72 ans. Interrogé le soir de sa réélection sur l'éventualité d'une nouvelle candidature à l'issue de ce mandat, il avait répondu: «Vous devez plaisanter! Qu'est-ce je dois faire ? Rester ici jusqu'à mes 100 ans ? Non».

Sauf réforme constitutionnelle, il ne pourra pas être à nouveau candidat en 2024, la Constitution russe interdisant de briguer plus de deux mandats consécutifs.

Selon des experts, le président russe pourrait mettre à profit les six prochaines années pour préparer un successeur. Mais pour l'instant, il s'est gardé de donner la moindre indication sur la personne qu'il pourrait envisager.

«Je ne vois pas d'autre candidat qui pourrait le remplacer... Chaque année, la Russie devient meilleure, plus forte et plus belle», a déclaré à l'AFP Aliona Kozeleva, assistante commerciale, alors qu'elle se dirigeait lundi vers son travail dans un grand magasin moscovite.